La population vit comme au moyen âge, endure le manque de moyens et elle était aussi la cible des groupes terroristes durant la décennie noire. Des travaux de bitumage de la route sont en cours de réalisation, mais elle constitue un danger de mort pour les automobilistes, puisque elle est trop rétrécie. Perchée à plus de 1000 m d'altitude, la commune de Mamoura située à plus de 60 km au sud de Bouira, demeure l'une des régions les plus isolées de la wilaya. Située à une trentaine de kilomètres à l'est de Sidi Aïssa (M'sila) et à une vingtaine de kilomètres au nord de la wilaya de Médéa. La population vit comme au moyen âge, endure le manque de moyens et elle était aussi la cible des groupes terroristes durant la décennie noire. Cette situation a contraint d'ailleurs la centaine de familles à fuir leurs maisons et y aller s'installer dans d'autres wilayas. Nous nous sommes rendus, jeudi dernier dans cette région où les habitants rencontrés sur place n'ont pas caché leur colère et ont soulevé plusieurs problèmes. Dans l'après-midi de ce jeudi, à 13h nous sommes arrivés à la gare routière de la ville de Sour El Ghozlane, distante d'une quarantaine de kilomètres au nord de la commune de Mamoura. Des passants affirment qu'aucun bus n'assure le transport vers Mamoura. « Deux possibilités de rallier cette bourgade, soit disposer d'un véhicule personnel où louer un clandestin pour vous déposer dans cette commune », dira un restaurateur. Nous continuons notre chemin en empruntant le CW12, reliant la ville d'Auzia (Sour El Ghozlane) par Dechmia en passant par la commune de Ridane. Des travaux de bitumage de la route sont en cours de réalisation, mais elle constitue un danger de mort pour les automobilistes, puisqu'elle est trop rétrécie. Un avis partagé par l'ensemble des usagers de la région qui revendiquent une extension de la route. Une heure presque de route, à la rentrée de la ville de Mamoura, une odeur bizarre se dégage. Interrogé, un jeune de passage dira « elle provient des poulaillers, implantés au centre-ville, et personne ne pourra les délocaliser….. », nous répond notre interlocuteur. « Ecrivez alors que nous vivons le calvaire, transmettez nos messages, qu'ils sachent (les pouvoirs publics) que nous vivons le calvaire, venez, vous allez découvrir de visu notre situation ». Il a précisé que des dizaines de villageois sont atteints d'asthme. A Mamoura, la vie est vraiment dure. Une école primaire, un CEM, une agence postale et une unité de soin sont réalisées à ce jour. Aucune opportunité de travailler, confirme un groupe d'une vingtaine de citoyens rencontrés sur place. « J'ai 54 ans, et je vous assure qu'aucun responsable ne nous a rendu visite depuis des années pour s'enquérir de la situation, sauf celle du wali de Bouira, qui nous a promis un changement », enchaîne un citoyen. Un jeune nous a proposé une visite à la salle de soins. Fermée. « Le service n'est assuré que la matinée, et il y a un manque flagrant de commodités ». Les citoyens ont soulevé beaucoup d'insuffisances. « Tout manque chez nous ; pénurie d'eau potable, crise du logement, manque d'infrastructures de jeunes et autres….. ». Le chef-lieu de la commune de Mamoura offre une image hideuse et désolante. L'aménagement urbain fait défaut. Une rivière traversant la ville constitue durant la saison hivernale, selon nos interlocuteurs, un grand danger pour les habitations. « Nous vivons une situation insupportable, durant l'hiver notre vie devient un véritable cauchemar, les routes sont bloquées durant plusieurs jours à cause de la neige », dira un autre. Avant d'enchaîner, « plusieurs femmes ont accouché en cours de route à défaut de l'absence d'une ambulance et d'un service de maternité dans cette unité de soins ». Par ailleurs, un autre problème a été soulevé aussi par la population. Il s'agit des moyens de transport. « Aucun bus n'existe, et si tu veux rallier la ville de SEG, tu dois louer un clandestin à raison de 600 DA allant même à 1500 DA vers d'autres villes ». La même situation est vécue par les habitants des villages relevant de ladite commune à savoir ceux d'Ouled Mrayguia, Draâ Lahrach et Koudiat Iadad et autres bourgs. Enclavés, des centaines de familles ont déserté leurs bourgs allant s'installer ailleurs. Adel, un jeune universitaire déclare « j'ai bénéficié d'un contrat de pré-emploi, mais maintenant je suis en chômage, et je travaille dans un restaurant à Aïn Defla ». Contacté par téléphone, l'adjoint au maire de l'assemblée communale de Mamoura interrogé sur les perspectives envisagées par les autorités locales, dira : « Nous avons des projets d'assainissement, en hydraulique et en travaux publics qui seront lancés incessamment ». Tout comme, il a nié avoir enregistré des cas d'épidémies provenant des eaux. Sur ce, notre interlocuteur enchaîne « c'est vrai que la qualité de l'eau n'est pas bonne, mais nous n'avons pas enregistré des cas de maladies ». Des habitants ont déclaré que plusieurs personnes souffrent de problèmes rénaux aigus. Un spécialiste en urologie à Bouira, le Dr Ferdji a nié avoir enregistré des cas graves. 17h, nous quittons Mamoura, laissant derrière nous, une population dans l'attente d'un changement et lancent un SOS aux pouvoirs publics, afin de lancer des projets pour le désenclavement de leur commune.