Les forces de sécurité égyptiennes étaient hier en état d'alerte pour « encadrer » une manifestation de protestation contre le régime « héréditaire » en place de Hosni Moubarak. Plusieurs milliers de policiers ont été déployés autour du lieu de la manifestation qui s'est tenue hier après-midi à l'heure de la prière du vendredi devant la mosquée de la foire du livre du Caire. Les mots d'ordre des manifestants portaient sur les réformes politiques sur lesquelles le régime refuse de céder, notamment l'alternance au pouvoir à laquelle le président Moubarak paraît foncièrement allergique. Plusieurs dizaines de manifestants arboraient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « ça suffit », « Non au renouvellement » du mandat présidentiel de M. Moubarak, « Non à l'hérédité », allusion au fils cadet du raïs Gamal Moubarak, pressenti pour succéder à son père, « Moubarak la faillite, que fais-tu de notre argent ? », « Nous voulons un gouvernement libre ». Le rassemblement a été organisé à l'appel du Mouvement populaire pour le changement qui regroupe plusieurs associations de la société civile. Les manifestants se sont également pris à la politique proche-orientale du régime de Hosni Moubarak dénonçant la normalisation de l'Egypte avec Israël. « La normalisation avec Israël est mort », « Moubarak est honte et trahison » scandaient les manifestants. Le Mouvement populaire pour le changement est apparu au grand jour il y a deux mois en rassemblant, pour la première fois, quelque trois cents personnes devant le palais de justice du Caire. Depuis, il a organisé plusieurs manifestations similaires, en faisant notamment de l'opposition à une nouvelle candidature du président Moubarak le credo de son action. A 76 ans, le président Moubarak, au pouvoir depuis 23 ans, ambitionne de briguer un cinquième mandat. Des élections législatives et présidentielle sont prévues en Egypte en septembre-octobre 2005. A quelques mois du scrutin, le président Moubarak devra compter avec une opposition non pas maison comme celle qui sert au régime de faire-valoir démocratique, mais avec des forces de changement qui ne craignent pas de braver la répression policière pour forcer le régime à se démocratiser. Il est certes trop tôt pour parler d'un mouvement populaire, mais l'organisation qui est constituée d'associations de la société civile a au moins le mérite d'exister et de rappeler aux autorités égyptiennes et à leurs sponsors à l'extérieur que la démocratie est inéluctable en Egypte comme ce fut le cas pour tous les régimes autocratiques.