Ce drame ternira davantage l'image du régime Moubarak qui est déjà sur la sellette. Tragique évacuation hier à l'aube au Caire. Dix réfugiés et demandeurs d'asile ont été tués, lors de l'évacuation par des policiers de centaines de Soudanais qui campaient devant des bureaux de l'ONU au Caire. Un drame qui ternira davantage l'image du régime de Hosni Moubarak, déjà mis sur la sellette par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme. L'administration Bush s'est mise également de la partie contre les pratiques du régime Moubarak. Les Etats-Unis ont prévu jeudi dernier que le sort réservé à l'opposant Aymen Nour pourrait avoir des conséquences dommageables sur les relations entre les deux pays. Après avoir entamé une grève de la faim suite à son arrestation le 5 décembre, l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Aymen Nour, a été condamné samedi dernier à cinq ans de prison. L'administration Bush a prévenu contre d'éventuelles conséquences que pourrait avoir la condamnation sur les relations entre Washington et Le Caire. Faisant état du drame survenu hier, les autorités égyptiennes parlent d'une situation de panique. «Il y a eu une panique qui a fait 30 blessés chez les manifestants . Ils ont été immédiatement transportés à l'hôpital où dix d'entre eux sont décédés», a indiqué le ministre égyptien de l'Intérieur dans un communiqué. Le document ne fait pas référence à une intervention musclée de la part des policiers égyptiens dont plus d'un millier d'éléments des brigades anti-émeutes ont évacué sans ménagements, des centaines de réfugiés soudanais. Selon le ministre de l'Intérieur, la police n'est intervenue qu'après avoir tenté, en vain, de convaincre les manifestants de mettre un terme à leur sit-in. «Des efforts envers les manifestants ont été déployés de 1h 00 à 4h 00, mais en vain», souligne le texte, qui indique que les soudanais ont menacé de mettre le feu aux bureaux de l'ONU. Certains qui étaient saouls ont jeté des bouteilles sur la police et l'ont attaqué avec des bâtons, blessant plus de trente policiers affirme encore le ministre. Quelque 2500 soudanais campaient depuis le 29 septembre devant les bureaux de l'ONU au Caire. Un accord est intervenu le 17 décembre avec les représentants des manifestants, par lequel le HCR s'était engagé à répondre aux différents besoins. Mais ces représentants ne sont pas parvenus à convaincre les manifestants de mettre fin au mouvement et 1500 d'entre eux restaient sur place selon le HCR. Depuis trois mois, ils campaient alors dans le quartier des Mouhendissine espérant avoir gain de cause pour se rendre ainsi dans des pays étrangers comme le Canada, les Etats-Unis ou l'Australie. Le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés HCR, Antonio Guterres, s'est dit profondément choqué par la mort de réfugiés soudanais évacués par la police égyptienne au Caire, jugeant une telle violence «sans justification». «Je suis profondément choqué et attristé par les évènements tragiques de ce matin au Caire», a déclaré M.Guterres dans un communiqué «même si nous ne connaissons pas encore tous les détails (...) il ne peut y avoir aucune justification pour une telle violence et de telles pertes en vies humaines», a ajouté le Haut commissaire, déplorant cette terrible tragédie.