Pour la réussite du Panaf 2009 et pour donner une meilleure image urbanistique d'Alger, les 57 communes de la wilaya d'Alger sont instruites d'apporter leur concours en matière d'embellissement, hygiène publique, transports, renforcement du mobilier urbain, éclairage public, mise en place d'espaces sanitaires, etc. Pour répondre à toutes les questions concernant les programmes et activités du Panaf, il est aussi prévu des kiosques d'information devant toutes les mairies de la wilaya d'Alger. On procède au rapiéçage de la chaussée. On rafistole les balcons. On se démène à mettre en terre des plantes dans les jardins, les carrefours et les rotondes. On démantèle les baraques de fortune. On fait pression sur les commerçants et habitants pour qu'ils peinturlurent les façades d'immeubles qui donnent sur les grandes artères. Car Alger, cité inhospitalière qui occupe la 138e loge sur 140 en matière de cadre de vie dans le monde, selon une étude récente parue dans la revue britannique, The Economist, veut grappiller quelques rangs. Elle veut chasser le signe indien qui colle à sa peau depuis des décades. Elle veut reconquérir ses lettres de noblesse, gâtées par l'esprit « rurbain » et la médiocre gouvernance, pour entrer dans le giron des villes où il fait bon vivre. En deux mots, elle tient à se faire belle... Pas pour ses administrés qui se réjouissent de pouvoir tirer profit de cet événement culturel, mais pour les 8000 convives qu'elle s'apprête à accueillir dans les infrastructures, les salles et les places publiques concernées par les spectacles du Panaf. Sans faire dans le rabat-joie, les délégations culturelles des 48 pays africains, qui auront à arpenter, le 4 juillet, le parcours Tafourah-El Kettani, ne doivent voir que la bichromie : le blanc immaculé des devantures et le bleu détonant de l'ex-rampe Magenta. Nos édiles mettent du cœur à l'ouvrage en s'escrimant avec les Epic qui sortent de leur torpeur. On les mobilise pour que nos hôtes puissent festoyer et étaler leur patrimoine immatériel. On les exhorte à porter des corrections à tous les vices existants dans la cité. On les somme — tenez-vous bien ! — de veiller sur la fière allure que décline Alger Ibn Mezghenna. Comme si l'image de la cité n'a jamais été ternie et il ne s'agit que de consentir à faire l'effort de la garder belle, voire la préserver ! Après le 20 juillet, on sera sûrement épuisés pour entrer dans une longue hibernation, en attendant une autre aubaine. Une autre manifestation du genre pour déballer notre beau linge… aux autres.