L'association Femmes en communication (FEC) a choisi la semaine dernière la ville de Tigzirt pour organiser une table ronde, sous le thème « L'emploi au féminin, loi et réalité ». Mme Nafissa Lahreche, présidente de la FEC, a voulu donner une meilleure connaissance de la femme travailleuse, de la législation qui régit son milieu professionnel, identifier les obstacles rencontrés. Consciente de la montée de l'islamisme fondamentaliste en Algérie, la FEC, créée en 1995, se positionne à l'avant-garde des luttes des femmes pour l'égalité et la citoyenneté, et faire de la femme un partenaire de développement économique à part entière. La présidente et la vice-présidente de la commission Femmes, à l'UGTA, Salhi Soumia et Nadjia Zighouda, ont puisé dans leur « Guide de la femme travailleuse », des points liés à leur condition : le congé de maternité, les salaires (primes et indemnités), l'accès à l'emploi et aux responsabilités et la valorisation des compétences. Mme Salhi a évoqué longuement un phénomène qui « touche la femme dans sa dignité », à savoir le harcèlement sexuel. La FEC veut aller plus loin en amendant l'article 341 qui pénalise ce comportement depuis 2004, en incluant la protection des témoins. « Il y a eu des jugements rendus en notre faveur, mais d'autres butent sur les témoins. Ces derniers ont peur. Nous voulons provoquer le débat, casser cette loi de l'omerta », dira-t-elle. Durant la matinée, Yasmina Meddani a été élue en qualité de présidente du bureau de Tizi Ouzou, le 20e, à l'échelle nationale. Ce nouveau bureau vise quatre objectifs : la promotion de l'artisanat local, la sensibilisation sur le droit à l'héritage, la violence à l'égard des femmes, une formation sur l'égalité entre les sexes. En collaboration avec l'Union européenne et l'Unifem, organisme des Nations-unies, la FEC a monté un projet sur l'Information et la sensibilisation aux droits des femmes (ISADF) dont le but est de renforcer et dynamiser le débat sur la condition féminine, l'égalité, en accroissant la communication et la diffusion de l'information en direction des femmes. En 2003, elle a pu lancer son projet « Medianes ». Celui-ci, d'après sa conception, vise la promotion de l'expression féminine, en matière de radiodiffusion en ligne (Web), de production de l'information, d'animation de tables rondes ainsi que le volet formation. Elle estime propice de s'approprier ces espaces pour le pluralisme et la circulation des opinions. Pour ce faire, il a fallu compter sur le concours financier de l'Union européenne, les ambassades de France et du Canada, en partenariat avec l'Institut Panos Paris. Entre autres activités de cette association, nous avons appris qu'elle a édité 17 ouvrages de femmes auteures. Le projet « Resart », soutenu par des Canadiens, se chargera de la promotion et commercialisation de leurs produits et œuvres. « Nous disposons déjà d'un local, à Alger-centre », se félicitera madame la présidente. Un document intitulé Code de la famille : l'esprit et la lettre de l'inégalité, édité en 2008, est éloquent sur les contradictions et les tergiversations de l'Etat algérien en matière d'égalité, telle que définie par la Constitution, en son article 51, ont affirmé les participantes.