Il affirme que les moyens permettant cette modernisation existent et s'est dit même prêt à aider et accompagner tous les agriculteurs qui veulent faire un effort dans le cadre de cette nouvelle politique. Il veut pour exemple l'adoption du système pergola, et le goutte-à-goutte dans l'irrigation ainsi que d'autres techniques qui ont permis l'accroissement de la production. On cite le complexe de production d'œufs de consommation de Corso, doté d'équipements lui permettant de produire 585 000 poules-pondeuses/an et 76 000 œufs/heure. Ou encore des exploitations qui ont adopté le modèle d'irrigation par les eaux non conventionnelles. Mais les paysans se plaignent du manque d'engrais. Selon eux, l'un des problèmes qui empêche le décollage du secteur est le désinvestissement et le manque de transparence qui caractérise la gestion des ressources et des budgets octroyés à cet effet. L'agriculture ne bénéficie que de 3% du budget national alors qu'elle produit 10% du PIB. Une grande partie de ce budget, soit plus de 200 millions de dinars, est consacrée à la protection du pouvoir d'achat du consommateur. Les agriculteurs relèvent en outre une multitude de difficultés qui les dissuadent d'opter pour un crédit bancaire. Très peu ont bénéficié des dispositifs de micro-crédits. Aujourd'hui rares sont les fellahs qui disposent de moyens financiers pour l'achat de matériels et d'équipements agricoles adéquats. La majorité n'accède pas aux des aides de l'Etat, qui vont vers d'autres. À Boumerdès, de nombreux fellahs se plaignent à ce jour de l'épineux problème du manque d'eau et de retenues collinaires devant leur permettre d'irriguer leurs champs. Cette revendication que l'on a réitérée à maintes fois n'a pour le moment trouvé aucun écho auprès des responsables du secteur. A titre d'exemple, le réseau fait pour l'irrigation des terres agricoles de la région de Chender, à partir du barrage de Boumraou, est défaillant et n'a jamais fonctionné. Celui réalisé dans la région de Sriâa, entre Cap Djinet et Sidi Daoud, est à l'abandon suite au pillage du matériel. La plupart des retenues collinaires ne sont pas utilisées. L'absence de marchés de gros de fruits et légumes au niveau local freine l'élan du développement agricole. Les fellahs vont jusqu'à Biskra ou Aïn Témouchent pour vendre leurs produits. A toutes ces difficultés vient se greffer l'épineux problème du foncier qui se complique de jour en jour en raison de l'opacité qui entoure des cessions des terres agricoles d'un côté et leur rétrécissement au détriment du béton de l'autre. De vastes surfaces continuent d'être détournées de leur vocation. Sans compter les conséquences des litiges et de partages qui ont réduit d'importantes surfaces à de petits champs. Selon les fellahs, l'agriculture nécessite avant tout un minimum de savoir et de connaissances. Elle a besoin de centres de recherches, de laboratoires et de la formation de cadres. Et le citoyen continue de subir la hausse et l'instabilité des prix des produits de large consommation et la facture des importations de produits alimentaires.