Aussitôt arrivé dans ce quartier, on se mêle à sa population, qui vaque à ses occupations quotidiennes, comme dans les autres quartiers de la ville. Des enfants allant à l'école par ci, une grand-mère qui sort de la boulangerie par là, et des jeunes qui ne cessent de discuter de l'équipe nationale de football sur une terrasse de café. Rien d'anormal dirions-nous ! Pourtant, Djenane Zitoune souffre de cette terrible étiquette de quartier mal famé. Pourquoi les choses iraient-elles plus mal qu'ailleurs ? Peut être parce que, des années durant, on n'a cessé de le diaboliser avec ses habitants. Ces derniers s'insurgent contre ce cliché gênant. Omar, la trentaine, est un enfant du quartier, et c'est dans les cages d'escalier des immeubles qu'il a appris à jouer de la guitare; pour lui, les choses ont beaucoup changé. «Vous savez, il n'y a plus autant de vols, ni autres délits, le Djenane Zitoune que tout le monde craignait, n'est plus», commente-t-il. Mais si Omar s'en sort en jouant des morceaux de blues, ce n'est pas le cas de tout le monde. À quelques encablures de là, en allant vers l'université Mentouri, des jeunes terrorisent nuit et jour les passants, en majorité des étudiants, qu'ils délestent de leurs bijoux, argent et même vêtements. Un «gagne-pain» qui se termine souvent du côté de la sûreté urbaine du 16ème arrondissement, où ces délinquants sont connus. Nous ayant vu poser des questions aux voisins, un monsieur s'approche de nous et lance : «Il y a un mois, un grave problème d'égouts éventrés a failli empoisonner la vie des habitants, nous avons en vain fait appel aux autorités compétentes et c'est seulement après qu'on s'est organisés pour mettre fin à cette situation désastreuse.» Un autre, comme pour contredire l'intervenant précédent, nous parle de l'initiative qui a été lancée l'année passée du côté de l'ex-Souk El Fellah. Pour lui, ces foires où différents articles sont proposés, ont fait revivre le quartier qui est sorti de sa léthargie. Avant d'ajouter: «regardez là-bas, avant c'était un urinoir où ça sentait très mauvais, et là, des jeunes du quartier, après avoir nettoyé l'endroit, y vendent des fleurs.» Le marché, qui fait face à l'ex-Souk El Fellah, demeure fermé. Les commerçants exerçant encore et toujours au vieux marché, exploitant l'une des rues du quartier, arguent du loyer exorbitant. «Nous ne payerons pas autant d'argent pour louer un local où nous ne vendrons rien», lanent-ils. Sur l'autre versant, se situe un autre quartier, Bidi Louiza, une favela typique où s'entassent des familles entière sous la menace constante de catastrophes ; un habitant parlera même d'un risque d'éboulement. Inconscients, de nouveaux couples louent, pour 3 000 DA/mois des caves, en attendant mieux. Ils semblent se désintéresser du danger potentiel qui les guette. Kouhil Lakhdar et Bidi Louiza, deux quartiers avec des habitants chaleureux, mais où il reste beaucoup à faire.