La littérature est trop sérieuse pour ne la laisser qu'aux seuls littéraires. Et le roman ? Quel roman ? Quand on a la langue française pour pays, Paris pour domicile et El Kseur comme olivier centenaire, forcément on devient insaisissable. Et si l'on ajoute un humour faussement désenchanté, bonjour pour figer l'identité. Akli Tadjer avait annoncé très tôt la couleur. En 1984, il accouche d'une œuvre originale : les ANI du Tassili, les Arabes non identifiés. Une bouffée d'oxygène pour tous ceux qui ont été complexés par Kateb Yacine. Il renoue avec le roman populaire. Que du bonheur. Inutile d'user les sièges des amphis pour entrer dans son univers, Western, donc son dernier livre. Cela ne se passe ni en Bretagne ni dans le Far-West. A Paris, toujours. Ceux qui ont lu Bel-Avenir, et ils sont nombreux, ne seront pas dépaysés. On retrouve comme une vieille connaissance Omar Boulawane, une sorte de Tintin et de Rouletabille maghrébin. Sauf qu'il est sexué contrairement au premier et plus excentrique que le second. Plus humain. Avec ses doutes, ses petites faiblesses, ses amours, son amour. Leïla. Les histoires d'amour finissent mal en général. Celle-ci n'y déroge pas. Ou peut-être que si. Il était une fois, ou peut-être pas… Faut dire que Omar Boulawane, le reporter pas le vin, mais le vin aussi peut-être se bonifie avec le temps. A sa décharge, il est bien entouré. Godasse, un malfrat, plus flambeur que méchant, Houssel, un champion de boxe, vrai de vrai, qui a perdu ses esprits un certain 11 septembre en ne boxant pas et qui rêve de mettre KO Ben Laden, Odette la Claudette, le bonhomme, un gosse de onze ans qui vous donnera envie d'enfanter, et Joséphine…. Ose Joséphine, ose. Une virée fantastique. Et beaucoup de souvenirs à venir. «Le bonheur, c'est quoi Omar ? C'est de ne pas être malheureux, le reste, tout le reste, c'est du bonus». «C'est tout ?». «C'est tout». Western est un roman populaire dans le sens le plus noble du terme. On rit, on pleure, on aime…