La forêt de chêne-liège de Bissa, à 45 km au nord-est de Chlef, est sans doute l'un plus beaux sites naturels du pays. Surplombant la mer, elle s'étend sur une superficie de presque 1500 hectares composés en grande partie de chêne-liège, de chênes verts et de chênes zéen. Un trésor de la nature qui pourrait bientôt être classé réserve protégée. Un projet est actuellement en préparation au ministère de l'Aménagement du territoire. Un fichier sur le patrimoine animal et végétal a déjà été transmis par la direction de la conservation des forêts à celle de l'environnement de la wilaya. Son classement en parc naturel est un préalable au lancement des aménagements. Car pour l'instant, il n'existe aucune signalisation pour les randonneurs, ni tables de pique-nique. En vous promenant sur les sentiers, vous découvrirez un riche sous-bois d'essences méditerranéennes, d'espèces aromatiques et médicinales, telles que l'astragale de Montpellier, amatrice des sols calcaires de colline et moyenne montagne, l'odorant daphné garou, l'arbousier commun, le merisier, la bruyère, la scille maritime et l'incontournable lavande. Il vous sera tout aussi possible, au détour d'un chemin, de croiser une furtive genette, ou un pacifique hérisson d'Afrique du nord. Dans la forêt de Bissa vivent même la hyène sauvage et le chacal commun. Mais vous y trouverez plus sûrement des renards roux, des sangliers, des lièvres et des lapins, comme des perdrix et des cailles des blés. Tout ce patrimoine cynégétique a fait l'objet ces dernières années d'une vaste opération de reconstitution et de protection de la part des services de la conservation des forêts de la wilaya de Chlef. Depuis 2005, pas moins de 4 000 faisans ont été introduits dans le parc avec le concours du centre cynégétique de Zéralda. Pour rappel, cette espèce avait totalement disparu du paysage local en raison des problèmes sécuritaires qu'a connus la région durant la décennie noire. Avec le retour de la paix, le parc est devenu un lieu de promenade et de pique-nique, en particulier pour les habitants de la partie nord-est de la wilaya. Il a accueilli aussi des étudiants, des élèves et des personnes handicapées dans le cadre d'un programme d'excursions organisées par l'Université Hassiba Benbouali et les directions de l'Education et de l'action sociale. «La plupart ont été fascinés par le paysage et ont prévu d'y revenir», affirme un responsable de la conservation des forêts. |La subéraie, un rempart contre l'érosion | |Les suberaies (forêts de chêne-liège) méditerranéennes appartiennent à l'un des patrimoines végétaux les plus riches du monde après les Andes tropicales (jusqu'à 135 espèces par m2). Les chênes-liège jouent naturellement un rôle de rempart contre l'érosion, la désertification et les incendies qui sévissent régulièrement en région méditerranéenne. Les subéraies sont aussi d'excellents puits de carbone : 1,3 hectare de forêt permettant de produire une tonne de bouchons de liège, absorbe deux tonnes de CO2 en un an. Pourtant, elles pourraient être menacées par l'urbanisation et l'abandon d'un mode de gestion durable -le mode de prélèvement traditionnel du liège ne détruit pas l'arbre, mais garantit au contraire, le renouvellement de cette ressource forestière, car le liège se régénère naturellement. 100 000 personnes vivent du liège via la filière bouchons de liège sur le pourtour méditerranéen, du Portugal à l'Algérie. Véritables sanctuaires écologiques, elles abritent une faune et une flore d'exception dont plusieurs espèces en voie d'extinction. |