Fondu au noir est le panorama et l'analyse rigoureuse de pas moins de 300 films sur une période d'un quart de siècle (1970-1995). Le choix du titre n'est pas fortuit, puisqu'il s'agit d'un procédé technique très utilisé au cinéma, à savoir la disparition progressive de l'image. On y trouve de tout : la comédie, le film policier ou le polar et la comédie dramatique. La préface du livre porte la singulière « patte » du célébrissime acteur français Jean-Paul Belmondo, de surcroît son ami. « On pourrait craindre une œuvre exclusivement réservée aux cinéphiles, pas du tout. Chacun pourra y trouver non seulement les renseignements techniques et artistiques qu'il souhaite, mais aussi une commentaire très objectif assorti de l'accueil réservé à l'époque à chaque film », témoigne ce comédien prolifique et iconoclaste. Au-delà de la critique de chaque film, M. Chentouf, un habitué des salles obscures depuis sa tendre enfance, y a consacré une fiche technique succincte, comportant les noms des réalisateurs, des scénaristes, des directeurs de la photographie, des compositeurs de musique et des différents interprètes. Entamée en 1992, l'ébauche du livre est née de la volonté de fructifier un « capital » culturel cinématographique cumulé depuis les années 1970, durant lesquelles le cinéma algérien a connu ses années d'or. « Au départ, il n'était pour moi guère question d'envisager la confection d'un ouvrage, mais seulement d'entreprendre, pour le plaisir, un travail qui puisse en tant que cinéphile me procurer une satisfaction personnelle, l'idée de ‘‘faire'' du cinéma ne m'ayant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, à aucun moment effleuré l'esprit. C'est ainsi qu'au gré de mes humeurs et coups de cœur (…), le travail que j'ai entrepris commença à prendre consistance (...) », écrit-il dans l'avant-propos de son livre, en se gardant de l'idée d'avoir inventorié toute la production cinématographique durant cette période. Même si le livre dissèque de fond en comble le cinéma américain et européen durant cette période précise, il reste avare en matière de production cinématographique arabe. Pour l'auteur, l'absence d'un fonds documentaire consacré au cinéma arabe et celui du tiers-monde l'a empêché d'y plonger son regard critique. « Ce handicap ne m'a pas permis de traiter beaucoup d'œuvres émanant de ces régions, car l'appui d'une documentation solide et variée s'avère indispensable pour tout cinéphile désireux d'entreprendre un étude ou d'engager une réflexion (…) », explique M. Chentouf. C'est le cas, notamment, de la place réservée aux auteurs africains, asiatiques, d'Amérique latine et des pays de l'Europe de l'Est. D'après lui, son livre est le miroir simple d'un marché du film, dominé par une production hollywoodienne. D'ailleurs, son œuvre renferme plus d'une centaine de films américains. Seule fausse note, l'absence de l'image au cœur de cet ouvrage. Adda Chentouf, qui s'attelle déjà à l'esquisse du second tome, gagnerait à lui donner plus de couleur. Dans cet opus, il sera question de films d'aventures et d'action, de cinéma fantastique, d'horreur et de sciences fiction, d'espionnage, de guerre, etc. Titanesque, tome II sur les... étals.