J'étais venu le voir à la pouponnière de Hadjout. Il me parlait avec passion des enfants, de l'importance du combat pour que chaque enfant puisse vivre heureux. Il me disait que pour cela, l'enfant doit vivre dans une famille, sa famille ; il me disait que les enfants sont nés pour être heureux. Témi est mon grand-oncle, c'était, sans aucun doute, celui dont j'étais le plus fier. A aucun moment il ne parlait du mal qui le rongeait et qui a fini par l'emporter. Il parlait des enfants, ainsi que de la qualité de leur prise en charge dans les pouponnières de l' Aaefab – Zayed. Il insistait pour que l'expertise de nos pouponnières ne se perde pas, il parlait du travail de conviction qu'il fallait mener pour faire aboutir l'inscription de l'enfant «makfoul» sur le livret de famille. J'étais fier de son engagement avec les plus faibles, pour ceux que la société n'ose pas trop regarder en face, car ils lui renvoyaient une image d'elle-même qu'elle préfère refouler. Ces enfants naissent le plus souvent chez des filles de pauvres, ils naissent du désespoir, ils naissent de l'injustice du sort. Le combat de Témi et de tous ceux qui l'ont accompagné dans cette formidable aventure, a porté ses fruits et l'Algérie s'honore de ce que le Conseil supérieur islamique sous la direction de Cheikh Hamani ait prononcé une fetwa qui a rendu possible le décret pris par le gouvernement de M. Ghozali sur la concordance de noms entre parent «kafil» et enfant «mekfoul», de ce que l' AAefab – Zayed ait joué un rôle-clé dans ce progrès de notre société. La personnalité de Témi y était pour beaucoup, ainsi que le regretté Saïd Aït Messaoudène qui avait joué un rôle important pour faire aboutir cette importante décision. Citer les compagnons de M. Témi est nécessaire dans cet hommage et je crains en citant quelques-uns de diminuer la portée de la contribution de tous les autres. Mais je ne résiste pas à la tentation de mentionner d'illustres algériens comme le Pr Boucebci, Mohamed Khadda, Abdelhamid Benhadouga, le Pr Belkhenchir, Leïla Aslaoui, notre aîné Hocine Nia, mais aussi Ahmed El Kamr, Youcef Antri-Bouzar, Mme A. Tayeb, Ali Bahmane, et bien d'autres encore, qui ont tous contribué à faire cette prestigieuse association humanitaire dont nous sommes si fiers. Prolonger le combat de ces pionniers, le mettre en perspective, donner à notre pays une grande association humanitaire qui vient en soutien aux initiatives des pouvoirs publics qui les relaie, est assurément un grand projet. Notre ambition à tous dans l'Aaefab – Zayed est de le mener tout en régénérant l'élite qui porte cette association, tout en y attirant des jeunes, tout en l'ouvrant davantage encore sur les familles d'accueil, tout en y attirant de nouvelles élites aussi prestigieuses que celles qui l'ont portée par le passé. Nous voulons aussi conceptualiser l'expérience et l'expertise de l' Aaefab et faire émerger à partir de la méthode Lockzy, dont nos pouponnières ont montré qu'elles excellaient dans sa maîtrise, faire émerger une méthode Aaefab – Zayed, inspirée du patrimoine scientifique universel et nourrie par l'expérience de tous nos militantes et militants confrontés aux réalités sociologiques de notre pays. C'est aussi ce que nous sommes en train de faire en lançant en France l'association des amis de l ‘Aaefab – Zayed pour maintenir le lien avec les parents kafils en France et aussi trouver auprès de notre émigration de nouveaux horizons et de nouveaux soutiens pour notre action humanitaire. Un homme de cœur nous a quittés. Nous avions tant besoin de sa présence, de ses conseils. Il nous a quittés dans la discrétion qui le caractérisait. le dernier contact téléphonique que j'ai eu avec lui, il parlait des enfants, il s'inquiétait pour les enfants, il rêvait pour les enfants … Qu'Allah tout puissant t'accueille dans Son vaste paradis, Témi, toi qui porte le nom d'un souhabi que notre Prophète appréciait tant pour son intelligence et sa gentillesse. Dr M. P.: Président de l'Aaefab