Les travaux du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont ouverts hier dans la capitale saoudienne Riyad. La réunion intervient dans un contexte de tensions qui touchent les six membres de ce groupe régional, à savoir l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman. Entre autres tensions, la guerre au Yémen, l'affaire du journaliste Jamal Khashoggi, tué au consulat saoudien d'Istanbul, et la crise interne dudit Conseil opposant certains de ses membres au Qatar dont l'émir, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, est absent de cette rencontre. Il est représenté par le n°2 de sa diplomatie, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Sultan Al Merrikhi, selon un porte-parole officiel à Doha. Le Qatar est en rupture de relations avec ses voisins depuis juin 2017, notamment l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, qui l'accusent de soutenir des groupes islamistes radicaux, ce que Doha dément, et de leur préférer l'Iran. Outre les liens diplomatiques, les voisins de l'émirat gazier ont mis fin à toute relation économique et commerciale avec le Qatar qui a décidé de quitter, en janvier prochain, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dominée par l'Arabie Saoudite. Le roi Salmane fustige l'Iran Dans son intervention, le roi Salmane d'Arabie Saoudite a la nécessité de «préserver l'entité qu'est» le CCG. Selon les médias présents sur place, il a accusé l'Iran de «continuer à s'ingérer dans les affaires des pays de la région». Et d'ajouter : «Ceci nous pousse à préserver les acquis de nos pays et à défendre, en collaboration avec nos partenaires, la sécurité et la stabilité dans le Golfe.» Il a aussi défendu l'intervention menée par son pays au Yémen depuis 2015 et souhaité une «solution politique». L'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis sont concernés en premier lieu par ce conflit, étant les piliers de la coalition militaire contre les rebelles houthis, alliés à l'Iran. L'Arabie Saoudite reste également sous la pression suscitée dans l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul. Ce meurtre, d'abord nié puis reconnu par Riyad, embarrasse au plus haut niveau le royaume, d'autant plus que la responsabilité du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, a été évoquée dans cette affaire en Turquie et aux Etats-Unis. De son côté, l'émir du Koweït, cheikh Sabah Al Ahmed Al Sabah, qui a tenté en vain une médiation entre le Qatar et ses voisins, a appelé à contenir cette crise, la plus grave de l'histoire du CCG. Il a invité à «mettre fin aux campagnes de presse ayant semé la discorde (entre les peuples de la région) pour préparer le terrain à une réconciliation». Le CCG a été créé en 1981 suite à l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique et à la révolution iranienne en 1979. Il vise la coordination, l'intégration et la coopération des Etats membres dans les domaines économique, social, culturel et militaire. Concernant ce dernier volet, en 1984, les six pays membres ont créé une force commune d'intervention appelée «Bouclier de la péninsule». Avec l'Occident, à leur tête les Etats-Unis, ils ont soutenu l'Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l'Iran. Et cela par souci d'affaiblir Téhéran, qui constituait un danger pour ces monarchies. Mais l'invasion du Koweït en 1990 par l'Irak de Saddam Hussein a montré la vulnérabilité de ces monarchies face à leurs voisins. Le Koweït a été libéré par la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Ce qui démontre encore une fois que Washington reste le garant de la sécurité de ces royaumes.