«A la mi-février, un premier quota de 450 logements sera distribué. Suivront d'autres tranches jusqu'à atteindre la moitié des occupants. Pour ne pas faire de mécontents, la liste sera confectionnée après un tirage au sort», souligne Ali, un jeune rencontré à la cité qui affirme que les habitants seront dirigés vers trois sites, à savoir Aïn Benian, Sidi Youcef à Beni Messous et Birtouta. Cette cité populaire n'a bénéficié des égards des autorités qu'après les dernières émeutes. «L'APC d'El Madania a réservé lors de la dernière opération seulement 5 logements sociaux à tout le quartier. Le quota est insignifiant, sauf qu'à l'occasion une autre injustice a été commise : les bénéficiaires étaient de vieilles filles alors que des familles qui se morfondent là à plus de 15 dans une pièce cuisine ont été oubliées. C'est plus que ne peuvent supporter les habitants», affirme notre interlocuteur. Des jeunes ont occupé le stade du lieudit Kaf et ont voulu y ériger des habitations en parpaing. La réaction musclée de la police a provoqué une émeute qui a fait réagir les autorités en haut lieu et en premier le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. La cité est composée de 13 barres d'immeubles d'inégale longueur, contenant quelque 1500 appartements. «Les autorités voudraient, après cette opération, voir l'ensemble des occupants d'un immeuble relogés, pour qu'il n'y ait pas de mécontents ni de futurs mouvements de protestation lorsque l'on sait que la cité est à quelques mètres de la présidence de la République», relève Ahmed, sexagénaire et locataire dans la cité depuis 1965. Les «négociations» sur l'opération tiroir achopperaient toutefois sur un point : le départ ou non de la totalité des occupants à l'occasion de cette opération tiroir (reloger des habitants et agrandir les appartements après leur départ) comme celle qu'à connue Diar El Kef il y a plus d'une semaine. «Il y en a parmi les habitants qui voudraient rester pour ne pas avoir à payer des charges mais surtout être proches de leurs lieux de travail. Ici, beaucoup sont propriétaires et le peu de locataires qui restent payent un loyer modeste», relève Khaled, jeune vendeur dans un magasin, qui assure que son père est entré dans la cité en 1959. Et de poursuivre : «Les appartements sont surtout des F1 avec quelques F2 pour les logements situés à côté des cages d'escalier. Moi je suis dans cette catégorie et ma famille heureusement ne s'est pas tellement agrandie. En plus, le paternel est parti à Tiaret où nous possédons des terres.» Qu'en sera-t-il des occupants des baraquements «collés» à tous les immeubles de cette cité ? «Il en existe 240. Les occupants sont des habitants de la cité qui n'en pouvaient plus de vivre dans des cagibis. Les délégués nous disent que ces gens là sont concernés par l'opération du Raïs (vaste opération de débidonvillisation de la capitale décidée par le président de la République». Des ensembles d'habitations comme El Bahia et El Mahçoul, construits à la faveur du «programme de Constantine» lancé après l'arrivée de de Gaule au pouvoir en 1958, connaissent la même situation de précarité que Diar Echems. Les cités Saâda et Confort, sont mieux loties, relève-t-on. |L'APC d'El Madania inexistante| |Visiblement prise de court après les émeutes de Diar Echems, l'APC d'El Madania reste aux abonnés absents. A notre arrivée au siège, l'agent de sécurité de la réception nous a affirmé, sous le regard de policiers armés, placés là visiblement après les derniers événements, que le P/APC et ses collègues étaient absents. Autre version de la secrétaire du maire qui nous a confirmé que les élus sont «réunis en commission». Le secrétaire général est aussi absent, affirme la secrétaire visiblement agacée. «La journée de réception est pour mardi. Et les quatre heures convenues ne peuvent pas permettre à la population de soumettre ses problèmes qui sont d'ailleurs réglés ailleurs que dans une APC sous perfusion et dont les pouvoirs sont concentrés entre les mains des services de la wilaya déléguée de Hussein Dey à laquelle elle est rattachée et ce, dans tous les sens», soutient un administrateur rencontré sur le perron du siège de l'APC.|