Le fameux comparse et alter ego de Mel Gibson dans la série de films L'Arme fatale (Lethal Weapon), l'acteur américain Danny Glover, était à Alger. Car invité de marque du Panaf' 2009. Nous avons rencontré une star de Hollywood très humaine, humaniste, généreuse, accessible, panafricaine et souriante. Heureux de vous retrouver en Algérie, en Afrique... Toujours ! (rires). Et plus particulièrement, ici, en Algérie, pour la première fois. Je connais un peu l'Algérie à travers mes lectures. Mais je n'ai jamais eu l'occasion de venir en Algérie. Et là, j'ai vraiment trouvé l'occasion pour célébrer l'art africain de par le 2e Festival culturel panafricain, ici, à Alger. Vous m'avez dit avant-hier, en backstage du concert de Youssou N'dour, que vous admiriez la révolution algérienne (1954)... Je me souviens. Ma première relation avec l'Algérie date depuis que je me suis intéressé aux mouvements africains de libération. J'étais très jeune, à cette époque-là. La révolution algérienne a été un modèle pour nombreux mouvements de libération en Afrique comme le Ghana, le Nigeria et aussi le combat en Afrique du Sud. Je suis fier du peuple algérien et de sa révolution. Et c'est ma première interprétation de l'Algérie. Un mouvement de libération, oui ! Vous m'avez parlé aussi de l'hymne Africa Unite de Bob Marley. Vous prônez tant l'unité africaine... Oui, le fait que l'Afrique soit unie. Vous savez quand Bob Marley chante Africa Unite, il voudrait que l'Afrique soit unie. Et Bob Marley était une voix et un porte-voix extraordinaire du XXe siècle. Il parlait de l'Afrique de par son interprétation, de sa terre-mère et ce, comme rastafarien. Il a pu utiliser sa vision d'artiste, sa spiritualité, son inspiration et son engagement pour raconter au monde l'histoire des Africains. Bob Marley était un important entertainer (artiste) et immense musicien qui a compris clairement comment utiliser la musique et son aura d'artiste comme support et passer un message positif et humaniste. Et ce, pour une cause noble. Celle de l'unité et le changement pour tous les Africains. Vous aussi, vous vous investissez pour des causes humanitaires et vous êtes engagés pour des combats nobles et justes en Afrique, notamment contre l'apartheid... Comme artiste, je demeure un citoyen avant tout et en premier... Un citoyen du monde... Oui, absolument ! Un citoyen non seulement dans mon pays (les Etats-Unis) mais aussi dans le monde. Alors, quand je parle de justice, c'est celle dans le monde entier. Je ne parle pas de justice personnelle en tant qu'artiste. Cependant, j'en parle comme quelqu'un qui s'inquiètes du sort de son prochain et de ses semblables, les humains. Une justice bafouée dans un endroit concerne celle du monde entier. Le film engagé Bopha, réalisé par Morgan Freeman, en est l'exemple patent... Oui, je me suis impliqué dans plusieurs films dans la même veine. Il s'agit de définir et aider à expliquer des choses qui sont importantes pour les gens. Le film Bopha était important à un moment dans l'histoire de l'Afrique du Sud où le système de l'apartheid était en fin de règne, son abolition. Il est important pour le cinéma d'œuvrer pour la réaffirmation et la préservation de notre mémoire. Donc, Bopha était une film qui véhicule cela. Comme Bamako, un film que j'ai produit avec le réalisateur Abderahmane Sissako du Mali. Mais j'ai envie aussi d'en faire d'autres. Et puis, cette année je vais tourner dans plusieurs importants films, notamment sous la direction du merveilleux réalisateur Flora Gomès de Guinée-Bissau. Et je voudrais aussi tourner, ici, avec des cinéastes algériens. Je suis très investi et impliqué dans la coproduction de films en Afrique. J'ai été marqué par le film La Bataille d'Alger de Gillo Pentecorvo et des « filmmakers » algériens à l'époque. Donc, c'est très important pour moi et pour les réalisateurs africains qu'ils fassent des films portant sur leur histoire. Et puis, Ousmane Sembene est un modèle pour nous. Est-ce facile ou difficile pour un acteur afro-américain de réussir à Hollywood ? C'est une industrie du cinéma qui a une façon particulière de faire de vous un acteur important ou pas. L'industrie du film en elle-même ne pense pas au côté humain de l'artiste. Elle fait du « deal » avec le commerce. Le film devient une commande, une valeur marchande et contre les valeurs sociales ou universelles. Aussi, ma responsabilité et mon efficience en tant qu'acteur portent sur la plus-value d'un être humain à l'écoute de ses semblables dans le monde entier. Ma mission est d'être disponible, d'aider et de contribuer à concevoir et finaliser des projets avec des réalisateurs et producteurs africains. Et par conséquent, faire émerger des films de valeur. Et promouvoir la culture riche et précieuse du continent africain. La disparition prématurée de Michael Jackson a marqué le monde entier... Michael Jackson est le plus grand entertainer (artiste) de sa génération. Et sans aucun doute ! Nous nous souviendrons de cet homme qui a tellement donné au monde mais qui a été constamment harcelé. Michael Jackson a changé l'histoire, le mouvement, l'esprit de la musique. Il a réussi à fédérer un public mondial, universel... Et on se souviendra de sa responsabilité en tant qu'artiste ayant changé et révolutionné la culture populaire. Barack Obama s'est rendu au Ghana, en Afrique... Le fait que Barack Obama se rende au Ghana est une preuve patente qu'il est soutenu par tous les peuples du monde entier. La question vitale est comment résoudre cette crise particulière (financière), par exemple. Qu'est-ce qui est le plus important ? Qui assister ? Actuellement, plus 2, 5 milliards d'humains vivent dans une misère infra-humaine avec moins de 2$ par jour. C'est très important de le souligner. Il y a des femmes, des enfants et des hommes qui meurent de faim. Et plus, particulièrement dans mon continent (l'Amérique), et ici, en Afrique. Et des communautés sont dévastées par le virus du sida. Une autre question. : que veut-on dire à propos de développement ? Nous devons impulser un « revival » (renaissance) des valeurs humaines et spirituelles. Ce développement ne s'effectuera qu'en commun. Nous avons une planète fragile. Nous parlons de changement climatique, d'une eau pure, sûre et « clean »... Chacun de nous a le droit de bénéficier d'une couverture sociale, des technologies de pointe. C'est un droit pour n'importe quel citoyen de cette planète. Ce n'est pas un privilège ! Nous devons en parler ! Et puis nous avons un président (Barack Obama) qui a un extraordinaire potentiel. C'est clair ! Cependant, il y a des questions encore plus vitales : « Qui allons-nous aider, les auteurs de la crise mondiale ou ceux qui vivent dans l'extrême et inhumaine misère ? Qui donne à peu de gens le droit de déterminer qui doit exister et qui a le droit d'exister sur cette planète ? »