Mardi soir, un sommet africain s'est tenu à Alger. Et plus, précisément à l'Esplanade de Riadh El Feth. C'était l'union, non ! La communion de l'unité africaine d'un leader représentant le Sénégal devant un public acquis à sa noble cause. Ce « président » n'était autre que le grand et immense chanteur Youssou N'dour. Youssou N'dour, ce nom de magie... noire, humaniste et altruiste, engagé dans tous les combats justes et nobles, griot contemporain et troubadour « rurbain » du mbalax (son genre musical) à la voix généreusement et chaleureusement d'or, a galvanisé la foule à travers un concert... des nations africaines pour ne pas dire les Etats-Unis d'Afrique. Aussi, Youssou N'dour, l'enfant terrible et de la balle de Dakar, bien qu' ayant embrayé son récital très show en retard, à 22h24 – quand on aime on ne compte pas –, galvanisera son bon public de par un discours choral, oral et orchestral enflammé valant mieux que tous les « speeches » de langue de bois politico-politiciens ankylosant la plèbe. Youssou N'dour « présidentiable » haranguera ses « sympathisants » – notamment l'acteur américain, Danny Glover, le comparse de Mel Gibson dans le film l'Arme fatale qui sera invité sur scène pour dire un petit mot aux admirateurs algériens et un ministre du Sénégal venus l'encourager – proche de sa coloration politique : Peace, Unity, Love and Having Fun ! Ce fameux postulat d'Afrika Bambaataa ! Et se produire à Alger, pour Youssou N'dour, a une consonance « roots » (trab, terre comme on dit en Algérie) : « Je suis ravi et content de chanter à Alger. Chanter en Algérie diffère des autres concerts dans le monde. Parcequ'ici, je suis en Afrique. Alger, vous voulez danser ce soir ? » Une invitation on ne peut plus clair à célébrer l'Afrique et son tempo envoûtant et endiablé. La réponse de la clameur publique est : ouiiiiiiiii ! Alors que la fête commence ! Tout de blanc vêtu, Youssou N'dour, aura une petite pensée au King of pop, Michael Jackson, à l'occasion de ses funérailles : « Ecoutez ! Je voudrais dire une chose. Mon concert de ce soir est dédié à Michael Jackson. Qu'il repose en paix ! » Un ange passe ! Ainsi, Youssou N'dour, accompagné d'un big band, compulsera l'album de sa vie... discographique avec l'auditoire à travers un florilège de chansons allant de Birima à Wiri-Wiri en passant par Beykat. Une ambiance démentielle, afro-beat, electro, acoustique et populairement pop et puis cette voix altière, chaude, haute et perchée de Youssou N'dour qui portera et transportera le public en transe. C'était un délire très dance ! Tout le monde se déhanchait, s'éclatait et battait la mesure ! C'est que Youssou N'dour est un ambianceur, un shaman-charmeur. Chaussant ses lunettes d'« intello » à la Patrice Lumumba, il présentera son titre – de leader africain – New Africa, il dira : « Des fois, on ne montre pas la vraie image de l'Afrique. On montre une Afrique malade du sida, pauvre et victime de la guère. Mais on ne montre pas l'image positive de l'Afrique. Celle de la solidarité et la riche culture... » Le texte de New Africa est éloquent et émouvant. Il parle du renouveau et de la renaissance d'une nouvelle Afrique battante et combattante, et surtout créative avec un name dropping (liste de noms propres dans le rap) : Biko, N'krumah... Cependant les morceaux de bravoure ayant fait vibrer et embraser le public seront immanquablement 7 Seconds, dédié à la jeunesse algérienne, le tube planétaire l'ayant révélé, un duo chic et choc avec Neneh Cherry, la rappeuse américaine (sœur de Eagle Eye Cherry) et It's Africa Calling. Un appel de Dakar, Alger... L'Afrique ! « C'est un moment important dans la culture africaine. Je suis fier de voir un rendez-vous panafricain rassembleur. C'est un moment fort. Je remercie les organisateurs et le ministère de la Culture d'avoir réuni tous ces artistes africains. Merci Alger ! Profitez et oubliez les choses qui se sont passées avant... », s'adressera-t-il à la foule en guise d'au revoir non sans humilité et surtout avec une grande générosité. C'est sûr, Youssou N'dour est « présidentiable » !
