« L'Etat algérien a échoué dans sa politique de refonte du système éducatif. Pis, il n'y a jamais eu de réforme de l'école au sens propre du terme. L'Etat a malheureusement fait dans le rafistolage et le bricolage », c'est là un véritable réquisitoire qu'a fait hier, Belkacem Mohamed Cherif, directeur général de l'Ecole supérieure de gestion (ESG), contre la politique menée par les pouvoirs publics en matière de gestion de l'école algérienne. Ce responsable reproche au système « son manque de réalisme ». Un système qui continue à se baser sur les anciens schémas, en l'occurrence une vision bureaucratique et administrative au lieu d'une vision réaliste et scientifique. « Une réforme doit impliquer tous les acteurs concernés, à savoir les enseignants, les parents d'élèves et les syndicats, chez nous c'est ce manque de concertation et de dialogue qui a engendré l'échec total de toutes les réformes du système éducatif », explique M. Belkacem, l'invité du forum du quotidien El Moudjahid. Mais pourquoi parle-t-on depuis six ans d'une politique de réforme de l'école ? Le conférencier n'est pas allé de main morte pour qualifier les changements opérés au niveau des trois paliers, ainsi que les nouveaux programmes élaborés, les nouveaux manuels scolaires de simples « mesurettes ». « Ce ne sont même pas des mesures et encore moins des réformes ». L'orateur partage l'avis des experts qui définissent une réforme comme étant la refonte d'un système qui prend en considération un certain nombre de données basées exclusivement sur une véritable concertation. « C'est cet élément qui a fait défaut dans notre pays. L'absence de stratégie, le manque de concertation et de réalisme a fait que nous sommes passés à côté de l'essentiel », a déploré M. Belkacem qui illustre cet état de fait par un sujet qui a été au centre de l'actualité ces jours-ci, à savoir l'école polytechnique. Du point de vue de M. Belkacem, le conflit opposant les enseignants de cette école à l'administration est dû à un manque de concertation. « La situation actuelle est le fruit d'un manque de concertation et c'est aussi un problème de stratégie. En Algérie, malheureusement, nous faisons du nivellement occultant par la même les fondements qui sont à l'origine de la réussite d'un projet », estime le directeur de l'ISG qui trouve aberrant et scandaleux que les écoles à capitaux chez nous sont soumises au même régime fiscal que les salles des fêtes où un commerçant. M. Belkacem ne s'est pas empêché de s'interroger sur le devenir de la commission Benzaghou. Une commission mise en place pour élaborer un rapport sur la réforme du système éducatif. Qu'est devenu justement le rapport qui a été produit par cette structure ? « Pourquoi ce silence autour de cette commission. Pourquoi aucune suite n'a été donnée à ses recommandations ? Pourtant, c'était une bonne démarche, car elle visait un changement radical au sein de l'école », regrette M. Belkacem qui fera remarquer que la commission en question était composée d'éminents experts. Un groupe qui a réalisé un travail exceptionnel. « Pourquoi avoir dégagé des moyens colossaux et mobilisé des centaines de personnes pour qu'à la fin on jette aux oubliettes le travail effectué par ces experts », s'est demandé plus loin le conférencier qui exige à ce que la lumière soit faite sur ce dossier. Ce dernier juge que le seul changement qui a été opéré et qu'il prend avec beaucoup de réserve est l'introduction du système LMD. « L'introduction de ce système dans les pays européens avait pour objectif de normaliser l'enseignement supérieur dans les pays membres de l'Union européenne, en Algérie, nous ignorons la portée d'une telle initiative », a souligné M. Belkacem. En conclusion, ce dernier trouve scandaleux que pour le baccalauréat de cette session 2008 /2009, uniquement 35 candidats ont obtenu une mention « très bien et que ceci est en somme un indicateur criant de l'échec de la réforme du système éducatif ».