Lacune n La donne qui pourrait fausser les calculs du ministère de l'Education concerne le management. Certes, l'argent constitue un élément important parmi les facteurs clés du succès d'un secteur donné, mais cela reste insuffisant aux yeux des économistes car il faut installer une véritable stratégie basée sur les techniques modernes de management. Une chose qui manque dans tous les secteurs de l'Etat et celui de l'éducation ne fait pas exception. Cette année, le budget alloué au secteur d'un montant de 500 milliards de dinars, soit près de 7 milliards de dollars. Un budget a priori susceptible de permettre de réaliser l'objectif fixé par le département de Benbouzid, à savoir dispenser un enseignement de qualité. Cependant, les experts, qui plaident pour une véritable réforme, reprochent aux responsables de faire dans «le rafistolage et le bricolage». Selon eux, il n'y a jamais eu de réforme de l'école que ce soit au primaire, au moyen ou au lycée. «Les changements opérés jusque-là ne sont que de simples mesures de forme», a commenté Belkacem Mohand-Cherif, directeur général de l'ESG. Pour cet expert, le secteur souffre de l'absence d'une stratégie. En clair, les systèmes mis en place ne permettent pas de vérifier les compétences des uns et des autres. En plus clair, les enseignants et le staff administratif doivent rendre des comptes de leurs activités par rapport aux objectifs qui leur ont été assignés. En revanche, leur rémunération doit se faire selon les performances de chacun afin de les inciter à travailler davantage. Ces méthodes de gestion relevant du management moderne sont à même d'instaurer une organisation rigoureuse au sein des établissements. A ce sujet, le docteur Abdelhak Lamiri, P-DG du groupe Insim, explique le mal de l'école algérienne par la manière «catastrophique» par laquelle sont gérés nos établissements aussi bien sur le volet pédagogique qu'administratif. La rigueur dans nos établissements n'est pas encore appliquée dans le secteur public pour diverses raisons. D'abord, la politique sociale suivie ne permet pas de sévir en procédant à l'exclusion des incompétents parmi le personnel. «Les méthodes modernes de management nous permettent de mesurer les compétences et les performances du personnel et de procéder à l'évaluation cyclique du staff pédagogique et administratif», souligne-t-il. Cependant, explique notre interlocuteur, il faut assainir d'abord l'environnement de nos écoles en créant les conditions nécessaires. En clair, il faut qu'il y ait les moyens matériels et humains nécessaires au sein de nos écoles. En outre, le système de rémunération n'est pas encore adapté aux nouvelles donnes socio-économiques du marché. C'est-à-dire, les travailleurs algériens continuent à percevoir un salaire «administratif» au lieu d'un salaire basé sur le rendement de chacun. Ces insuffisances et tant d'autres facteurs continuent à faire défaut au sein de l'école algérienne. Ce qui explique en partie le retard enregistré par l'école algérienne par rapport aux pays développés et même à nos voisins.