La station de Chréa, située à plus de 1500 m d'altitude, n'est plus ce lieu privilégié pour les vacanciers comme c'était le cas, avant les années 1990. En dépit de l'amélioration de la situation sécuritaire, cette station, connue pour son climat agréable en été, ne suscite l'engouement que durant les week-ends. Conséquence : l'activité commerciale est au ralenti et les habitants de Chréa ont du mal à trouver des moyens de subvenir à leurs besoins. Le phénomène du chômage y est ainsi aggravé, alors que les commerçants sont pénalisés par cette situation. « Nous sombrons dans le chaos alors que les services des impôts nous imposent des taxes qui dépassent parfois notre chiffre d'affaires », nous dit un commerçant exerçant à Chréa. « Avant, notre commune était très animée, surtout avec le marché des fruits et légumes proposant des produits bio provenant de la montagne. Les colonies de vacances, dont le nombre dépassait les 30 sites, appartenant notamment à des établissements financiers ou autres institutions publiques, contribuaient aussi au développement de notre commune. Les visites fréquentes des familles et les va-et-vient de citoyens généraient même de l'emploi », se souvient un quinquagénaire rencontré à Chréa et qui dit espérer le retour de ces colonies de vacances afin de faire profiter les enfants des bienfaits de la montagne tout en favorisant le développement la commune. Selon le gérant de l'hôtel des Cèdres, une bâtisse complètement saccagée durant les années 1990 et rénovée récemment, la clientèle devient très rare en dépit du fait qu'il soit le seul établissement opérationnel au niveau de la station. Il considère que l'argent investi pour la réhabilitation de l'hôtel des Cèdres n'a pas eu le résultat escompté. « Nos 20 chambres demeurent souvent vides et notre restaurant est peu fréquenté vu le manque de touristes. Certes, nous recevons de temps à autres des diplomates de diverses nationalités accrédités en Algérie, des hommes d'affaires ou des familles, mais cela reste occasionnel si l'on tient compte des paysages paradisiaques de Chréa », nous dit le gérant de cet hôtel. Et d'ajouter : « L'interdiction de vente de boissons alcoolisées au sein de notre établissement est considérée comme un important manque à gagner. D'ailleurs, beaucoup de clients refusent de manger chez nous à cause de cette interdiction. » Des habitants de Chréa reprochent à l'APC de ne guère se préoccuper des questions liées au développement local. « On a le sentiment que les responsables locaux ne sont présents que lorsqu'il y a des visites de hautes personnalités qui viennent séjourner dans le chalet présidentiel, comme c'était le cas il y a quelques semaines avec la visite du fils du président libyen. Chréa a alors été bien relookée, sinon, il n'y a jamais rien », nous dit un groupe de jeunes.