Ces chiffres, comme en témoigne, M Rekik, président du comité de quartier Concorde Chréa, présagent d'un avenir touristique florissant si un cadre régulateur de cet énorme flux de visiteurs est établi dans les normes requises. Se frayer un chemin pour atteindre le Ski club, se trouvant à peine à quelque 400 m de la placette publique n'est pas chose aisée. Il faut suivre lentement la file de véhicules qui progresse, serrée de part et d'autre par un va-et-vient incessant de piétons en brouhaha. Sur site, la Gendarmerie nationale, constate-t-on, a interdit carrément la circulation en double sens pour maîtriser les flux entrant et sortant de véhicules. Ainsi, vous pouvez joindre la localité de Chréa via la placette communale, mais pour la quitter, il faut contourner la station de téléphérique et le sanatorium ainsi que tout le centre urbain de Chréa et regagner plus bas la RN 37. Si la splendeur du site est saisissante, le décor bariolé des restes du consommable jeté ça et là par des visiteurs en quête de divertissements est ahurissant à plus d'un titre. Des emballages en plastique, en carton et mille autres objets divers trahissent la vocation des lieux. « Allez faire un tour du côté du Ski club après le départ des visiteurs. Vous serez choqué de découvrir une décharge publique au lieu d'une piste de ski plutôt dominée par la blancheur des neiges », regrette le président de l'association, Comité quartier Concorde Chréa. Il faut dire que, selon notre interlocuteur, ce site perché à plus de 1500m d'altitude, connu de longue date dans toute la région et même ailleurs, manque énormément de structures de base pour accueillir la masse importante de touristes. Les sanitaires font cruellement défaut et les besoins pressants sont quelque part accomplis en pleine nature. Si durant la saison hivernale les températures peuvent facilement avoisiner le zéro, empêchant de ce fait les émanations des odeurs nauséabondes, le tourisme printanier et estival souffrirait par contre lourdement de ces désagréments. La restauration, également, pose problème. La localité de Chréa dispose d'un seul hôtel qui, d'ailleurs, vu la grille des prix appliquée n'est pas, selon notre interlocuteur, accessible pour toutes les bourses. A défaut d'avoir bien garni sa monture dès le départ de chez soi, on risque ici de « mourir » de faim, faute de restaurants préparant des rations bien chaudes qui d'ailleurs sont tout indiquées dans ces conditions climatiques. Dans cette atmosphère montagnarde à la fraîcheur caractérisée, l'on sent assez vite le creux de ventre, et pour aller faire le plein de calories, heureusement qu'il y a ces jeunes ambulants traînant des remorques où sont entassés mhadjebs, gâteaux, chocolateries. Entre ces jeunes commerçants ambulants, la concurrence est plutôt rude.« Les indus commerçants venus de Blida nous portent un coup fatal. Nous n'avons pas beaucoup de choix, comme eux. Ils habitent les grands centres urbains. Nous, nous n'avons que cette opportunité qu'offre le tourisme. Nous attendons presque huit mois pour pouvoir espérer quelques entrées d'argent mais voilà que les jeunes de Blida nous bousculent avec leurs remorques », affirme un jeune vendeur ambulant. Ils espèrent pouvoir un jour exercer leur activité dans un cadre légal. D'autres jeunes, bâtons à la main, réglent le stationnement. Ces derniers devraient, selon M. Rekik, être chapeautés par l'APC de Chréa qui délivrerait des badges en guise d'autorisation, en respectant un cahier des charges aux seuls jeunes habitants de cette localité. La commune de Chréa qui comptabilise quelque 575 habitants évoluant dans un contexte géographique jouissant du statut de parc national, de surcroît classé réserve mondiale de la biosphère en 2002, continue de souffrir d'un flagrant manque de commodités. La mise en service, dans les tout prochains jours, du télécabine Blida-Chréa, espère la population, tirera de sa léthargie cette « blanche neige » au bois dormant.