Le problème de l'emploi constitue un des chancres qui rongent la société algérienne, notamment la frange des jeunes. Ainsi, lors d'une conférence de presse animée jeudi dernier à Constantine, en marge du séminaire régional sur l'emploi des jeunes organisé par le Rassemblement national démocratique (RND), Abdesselam Bouchouareb estime le nombre de chômeurs diplômés de l'enseignement supérieur à 800 000, rapporte l'APS. En parallèle, 14% seulement des diplômés de la formation professionnelle accèdent à un emploi. Selon le même intervenant, qui est membre du conseil national du RND, le problème en question n'est pas lié au facteur financier. Ainsi plaide-t-il pour « la nécessité de créer des passerelles entre différents dispositifs mis en place par l'Etat ». Au sujet de « la complémentarité formation-emploi », M. Bouchouareb voit qu'aujourd'hui, le système licence-master-doctorat s'impose comme « l'unique formule » vu la situation du pays. 120 000 diplômés universitaires atterrissent chaque année sur le marché du travail. La question qui se pose concerne les différents chiffres officiels du taux de chômage en Algérie. En effet, en février 2008, l'Office national des statistiques (ONS) a publié une enquête évaluant le taux de chômage en Algérie à 13,8%. Le ministère de la Solidarité nationale fait état, entre temps, d'un taux de 10%. De son côté, le commissaire général à la planification et à la prospective, Brahim Ghanem, avance un taux de 11,8% lors de son passage au conseil de gouvernement à la même période, tout en précisant qu'il s'est basé sur l'enquête de l'ONS. Alors, à quelle source se fier quant au nombre de sans-emploi en Algérie ? Le gouvernement a pris de nombreuses mesures à l'effet de réduire le chômage à moins de 10% à la fin de l'année en cours et à moins de 9% à l'horizon de 2013. Or, une enquête de l'ONS rendue publique en septembre 2008 met en lumière l'importance des relations familiales et personnelles pour trouver du travail. En effet, 40,6% des travailleurs ont utilisé leurs relations pour trouver un emploi. Ainsi, le recours direct à l'employeur ou le recrutement par examen ou concours sont des solutions secondaires dans la quête d'un poste de travail. Ainsi, les mécanismes et les organismes mis en place pour atténuer le chômage se sont avérés inefficaces. D'ailleurs, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale reconnaît, en mars de la même année, que « le taux de recrutement dans le cadre des anciens dispositifs ne dépasse pas 12% ». En fait, le « piston » constitue le recours le plus sûr pour trouver du travail. De surcroît, une année auparavant, une autre enquête du même office révélait que 4,5 millions de travailleurs, soit 53,1% de la population active, ne bénéficient d'aucune couverture sociale.