Dans la nuit de vendredi à samedi, entre 20 h et 3 h du matin à l'heure où nous avions quitté les urgences de l'hôpital Ahmed Medeghri, 170 personnes y avaient été évacuées dont 40, principalement des enfants, avaient été orientées vers la clinique Al Sabbah en ville nouvelle. D'autres personnes atteintes mais qui avaient quitté les plages avant 20h, n'ont su que le lendemain l'origine de leur allergie. Les symptômes que les uns et les autres présentaient avec plus ou moins de gravité se résument, selon les cas, à des larmoiements, des éternuements, de la toux avec irritation du larynx, une gêne respiratoire, un état fébrile, une rougeur aux yeux, des vertiges et des vomissements. A l'arrivée aux UMC, la vue des masques portés par le personnel médical, une mesure préventive, avait créé la panique. Tout un chacun avait pensé à la grippe porcine. La panique avait pointé déjà au niveau du littoral dès 19h avec les pompiers qui s'étaient protégés pour l'accueil et le transport des estivants secourus. Mais l'affolement a été tel qu'aucun n'avait pensé les orienter vers les centres de soins au niveau des plages, des centres en principe ouverts h/24 avec un à deux médecins de garde. Pis, aucune des ambulances qui y sont disponibles n'a été utilisée pour les évacuations. Alerté par un coup de téléphone sur une noria de véhicules se bousculant à l'entrée des UMC, nous arrivons pour découvrir des jeunes sortant de l'hôpital, les bras repliés après la perfusion dont ils avaient bénéficié. mobilisation du personnel médical Les véhicules des gendarmes, gyrophares tournoyant, étaient de la partie dans le transport des évacués qui venaient d'une portion de littoral compris entre les plages de Oued Hallouf à Sassel en passant par Terga. La mobilisation du personnel médical tourne à plein régime à 22h lorsque le gros des évacués se présente. Une équipe se dirige vers les plages pour faire des prélèvements d'eau pour le laboratoire d'analyse régional à Oran. On ne connaîtra les résultats que dans 48 à 72h pour les analyses chimiques et 4 à 5 jours pour les analyses bactériologiques. L'hypothèse la plus crédible fait penser à un délestage opéré par un navire. Il aurait rejeté des produits toxiques que le « chergui » avait ramenés vers la côte. Il semble même que le bateau pollueur devait être bien au large et que ses déversements étaient très importants pour s'être propagés sur une distance de 30 km de littoral. Le directeur de l'environnement, en tant que chimiste de formation, suspecte un rejet de produits soufrés, azotés ou chlorés. Cela est d'autant plus plausible, pense-t-on, que ce ne sont pas seulement les gens qui se sont baignés qui ont été atteints. Le lendemain, lors d'un point de presse tenu à la wilaya, le SG réfutera la présence de poissons morts, un témoin ayant indiqué avoir aperçu « lynsa », une variété de poisson, et des poulpes morts. Il reste maintenant à connaître les résultats des analyses pour être fixé et que les gardes côtes déterminent quels étaient les navires qui passaient au large au moment où la pollution s'est propagée.