Le président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, Rabah Aïssat, touché par plusieurs balles tirées à bout portant par un individu armé, dans la soirée de jeudi, a succombé à ses blessures hier à l'aube à l'hôpital de Draâ El Mizan. L'attentat a eu lieu au moment où M. Aïssat se trouvait à la terrasse d'un café à Aïn Zaouïa (50 km au sud de Tizi Ouzou) au milieu de ses amis, avec qui il avait l'habitude de jouer aux dominos. « Rabah Aïssat est arrivé à 19h20 et a pris place parmi nous, alors que nous avions entamé une partie de dominos sur la terrasse du restaurant mitoyen au café », nous raconte un de ses amis qui ajoute qu'à 20h20, ils s'apprêtaient à quitter les lieux mais Rabah Aïssat les avait obligés à entamer une seconde manche, ce qu'ils firent. Quelques minutes plus tard sans que personne ne s'en rende compte, un jeune homme d'assez forte corpulence, arborant un gilet bleu des forces de sécurité, armé d'une kalachnikov et venant par la terrasse du café, arrive au niveau de leur table et crie « Hat ! Hat ! » (Dépose ! Dépose !), puis tire la première balle sur Aïssat l'atteignant à l'épaule. La victime tombe à la renverse. Le sanguinaire tire alors plusieurs balles sur son corps puis prend la fuite avec un de ses acolytes qui était posté non loin de là en prenant la direction de l'oued qui débouche sur le massif de Boumahni. Malgré la panique, les secours s'organisèrent rapidement. Ainsi, trois voitures arrivèrent en trombe à l'hôpital Krim Belkacem, un quart d'heure plus tard. Rabah Aïssat fut admis directement au bloc opératoire où une équipe chirurgicale constituée de trois chirurgiens était déjà en place, alors qu'un blessé à la cuisse, membre de l'APC de Aïn-Zaouïa est admis dans une autre salle. Deux autres blessés, l'un au bras, l'autre au poignet ont été évacués vers l'hôpital de Boghni. Par ailleurs, quelques minutes après l'admission du P/APW à l'hôpital, des dizaines de voitures commencèrent à affluer. Les cadres et militants du FFS et d'autres formations politiques ainsi que de nombreux citoyens arrivèrent de tous les coins de la région. A chaque sortie d'un technicien de la santé du bloc, on le questionnait sur l'état de santé de M. Aïssat. Les propos étaient rassurants. Peu après 22h, c'est le branle-bas de combat, on demandait du sang B Rh positif en urgence. Sept personnes se présentèrent aussitôt pour les prélèvements mais quelques minutes plus tard, il fallait encore plus. C'était la course contre la montre, il fallait beaucoup de sang et le plus vite possible. On alerta les membres des forces de sécurité, puis des volontaires descendirent en ville pour faire le tour des cafés alors que d'autres alertèrent leurs villages et leurs proches. En moins d'un quart d'heure, les premiers donneurs, tous des jeunes de la ville, puis il y eut deux ou trois Mazda bâchées, chargées chacune d'une dizaine de jeunes, puis la chaîne des donneurs s'allongea. Toute la nuit, les dizaines de personnes présentes priaient pour que Rabah Aïssat s'en sorte, mais à 4h, l'équipe chirurgicale, dont le dévouement et les compétences sont connus de tous, devait se plier au destin. Aïssat Rabah venait de rendre l'âme. Très tôt, dans la matinée de vendredi, d'autres citoyens venus de tous les coins de la wilaya, d'Alger, de Boumerdès, de Béjaïa arrivèrent à la morgue. A 10h, le wali de Tizi Ouzou et les autorités militaires firent leur apparition, avant que le corps du défunt ne soit transporté par ambulance vers le domicile parental sis à Aïn Zaouïa, accompagné d'un impressionnant cortège de véhicules. L'enterrement du défunt est prévu pour aujourd'hui. Dans la matinée, la dépouille du défunt sera exposée au siège de l'APW à Tizi Ouzou pour un dernier hommage. Hamel H. , Mourad Hachid