Les grands clubs ne meurent jamais. Le Bayern semblait dépassé par les clubs anglais et espagnols sur le marché des meilleurs joueurs, et le voilà de nouveau invité au banquet des princes. L'Inter, qui brigue une troisième victoire en C1 depuis 45 ans et son doublé de 1964 et 1965, atteint enfin la finale après laquelle court le président Massimo Moratti depuis son arrivée au pouvoir, en 1995. Il peut rêver de soulever la coupe aux grandes oreilles, comme l'avait fait son père (elle n'avait pas d'aussi grandes oreilles dans les années 1960) Angelo, président de la grande Inter. Avec des centaines de millions d'euros dépensés en transferts en quinze ans, Moratti touche presque au but. Il faudra contrer le Bayern discipliné de van Gaal, brillant grâce à Arjen Robben, même en l'absence de Franck Ribéry, suspendu. Sur leur chemin vers Madrid, chacun a éliminé un des monstres du football anglais qui terrorisaient l'Europe depuis six ans. Le Bayern a sorti en quarts (2-1/2-3) Manchester United, finaliste des deux dernières éditions, après avoir pourtant été dominé trois mi-temps sur quatre. L'Inter lui s'est débarrassé en huitièmes du grand Chelsea (2-1/1-0), cinq fois demi-finaliste ces six dernières années, avant de faire tomber l'ogre barcelonais. Grandes gueules Cette finale sera d'ailleurs la première sans club anglais depuis 2004 (FC Porto-Monaco), l'année de la consécration de Mourinho. L'Inter a aussi éliminé le tenant du titre (3-1 à l'aller et 0-1 au retour) en proposant un modèle de catenaccio sauce portugaise à Barcelone. La finale Bayern-Inter oppose aussi deux maîtres tacticiens, deux grandes gueules caractérielles très appréciées des journalistes pour leurs bons mots et coups d'éclat. «Je me réjouirais de retrouver mon ami José Mourinho, disait van Gaal mardi à Lyon, cela nous promettrait de belles conférences de presse !» Traducteur puis entraîneur-adjoint au Barça, Mourinho a beaucoup appris auprès du Néerlandais de 1997 à 2000. Il s'est inspiré des méthodes de van Gaal avec succès. Il a peaufiné une image de communiquant doué dont raffolaient les Anglais et qui semble crisper les Italiens, alors que le Néerlandais est plus abrupt, plus sec. Ils retrouvent aussi en même temps le devant de la scène européenne. «Mou», comme on l'appelle en Italie, n'a pas vraiment disparu depuis qu'il a été renvoyé de Chelsea à l'automne 2007, mais l'Inter n'allant jamais très loin en C1, il se faisait plus rare médiatiquement. Van Gaal a, lui, traversé le désert après son échec à la tête des Pays-Bas en 2002. Il s'est relancé à l'AZ Alkmaar, remportant le titre 2009 au nez et à la barbe de l'Ajax, du PSV Eindhoven et du Feyenoord, les grands clubs néerlandais, et s'est signalé à l'attention du Bayern. Après un début de saison chaotique, il est en position de remporter le triplé C1-championnat-coupe ! Les deux hommes ont un palmarès conséquent et ont déjà tous deux remporté la Ligue des champions, le Portugais en 2004 à la tête du FC Porto et van Gaal en 1995 avec l'Ajax Amsterdam. Le Néerlandais était même à la tête des Rouge et Blanc lors de la finale de 1996, perdue.