La finale de Ligue des champions Inter Milan-Bayern Munich aujourd'hui à Madrid met aux prises deux grands tacticiens forts en gueule, José Mourinho et Louis van Gaal, qui se connaissent très bien pour avoir travaillé ensemble à Barcelone. Louis donne du «mon ami José», «Mou» n'oublie jamais de dire qu'il a beaucoup appris avec van Gaal, «un extraordinaire tacticien», mais ce sont aussi deux féroces gagneurs, et chacun rêve de rejoindre Ernst Happel (Feyenoord 1970 et Hambourg 1983) et Ottmar Hitzfield (Dortmund 1997, Bayern 2001), les deux seuls entraîneurs à avoir gagné la C1 avec deux clubs différents. Van Gaal ? «C'est un grand entraîneur, et quelqu'un de bien, dit Mourinho. Il a été très important dans ma carrière, il a beaucoup de confiance en lui, et à mes débuts, j'avais besoin de ça.» «Je suis surpris de voir ce qu'il est devenu, dit en écho le Néerlandais à propos de son ancien adjoint et traducteur au Barça (1997-2000). Avant José était quelqu'un de modeste, c'est bien de voir quel personnage il est devenu. Je pense que je l'ai un peu aidé pour ça», sourit-il. Après avoir grandi dans l'ombre du coach néerlandais, Mourinho, 47 ans, a, depuis, nettement pris son envol, remporté la Ligue des champions avec le FC Porto (2004) et deux Championnats d'Angleterre avec Chelsea (2005 et 2006) et d'Italie avec l'Inter (2009 et 2010). Idole quand il gagnait la C1 avec l'Ajax Amsterdam (1995), van Gaal, 58 ans, vient de refaire sa réputation en emmenant le Bayern en finale une année après avoir été champion des Pays-Bas avec le modeste club de l'AZ Alkmaar. L'un a confirmé qu'il était bien le «Special one», comme il s'était lui-même baptisé en arrivant à Chelsea, l'autre a pris sa revanche sur ses -nombreux- détracteurs. Van Gaal a retrouvé sa réputation qui s'était délitée à la tête de la sélection néerlandaise, qu'il n'avait pas su qualifier pour le Mondial 2002, puis lors de son retour au Barça (2002-2003). Ils se rejoignent sur la méthode, alternant coups de gueule et dithyrambes sur leurs joueurs. Van Gaal a eu du mal à se faire comprendre en début de saison, mais il a su s'imposer et guider le Bayern vers le doublé, voire le triplé. Mourinho a dû remonter les bretelles du capricieux Balotelli et n'a pas hésité à laisser partir Patrick Vieira, jugé trop vieux. Côté louanges, chacun loue les qualités de son groupe. Le Néerlandais Arjen Robben, qui a connu les deux entraîneurs, ne les départage pas. «Tous les deux sont également stricts et tous les deux sont des fortes personnalités. C'est crucial en football». Il note seulement une petite différence de philosophie. «Van Gaal met en place des équipes pour attaquer et pense offensivement, alors que le seul but de Mourinho est la victoire, et il pense plus à l'organisation défensive. Je n'ai que de bons souvenirs de Mourinho à Chelsea, et je suis vraiment impatient de le revoir», conclut Robben. Du côté des vainqueurs ou des vaincus ?