Beaucoup de bâtisses tombent en ruines, chaque jour un peu plus, au centre-ville de Lakhdaria, à l'ouest de Bouira, donnant l'impression qu'une aviation ennemie a bombardé les lieux. Ainsi, par exemple, une partie du mythique café-hôtel Echaâb s'est effondrée. Juste à côté, seul un mur du café Hmadoud subsiste encore. Un peu plus loin, le café Oukil a complètement disparu. Quant au café Dahmani, il ressemble à un lieu hanté. Mais c'est incontestablement l'ex-hospice, ou ce qui en reste, qui illustre le mieux l'état de délabrement avancé du centre-ville de Lakhdaria. Fermé par l'actuel wali, Ali Bouguerra, lors d'une visite inopinée il y a un an pour absence de conditions élémentaires d'une vie décente, cet hospice devait être immédiatement rasé. Et, effectivement, sa démolition avait débuté au lendemain de la visite du wali, mais s'est arrêtée au bout de quelques jours, pour ne plus reprendre. Les riverains sont maintenant habitués à la vue de ces « ruines », mais celui qui est de passage à Lakhdaria repartira assurément avec un étonnement mêlé de questionnements sur ce qui a bien pu conduire à une telle situation. Lakhdaria, ville du commandant Si Lakhdar, mérite vraiment un meilleur sort. Décidemment, Les Lakhdaris n'ont pas beaucoup de chance ! En effet, excepté feu Messaoud Aït Messaoud, qui avait laissé une bonne impression aux yeux des administrés avant de démissionner, tous les autres élus qui se sont succédé à la mairie de Lakhdaria, y compris l'actuelle équipe, sont passés à côté de leurs promesses électorales. La preuve, aucun P/APC n'a osé s'attaquer au vieux bâti. Et personne, serions-nous tentés d'ajouter, ne pourrait régler ce problème, sauf, bien sûr, si une assemblée digne de ce nom arrivait un jour aux affaires communales de Lakhdaria. Pour l'anecdote, le wali de Tizi Ouzou, Hocine Mazouzi, a raconté lors d'une conférence de presse tenue du temps où il était en poste à Bouira ceci : « Quand j'étais étudiant, je suis passé par Bouira. A mon retour, 20 ans après, en tant que wali, j'ai trouvé que les vieilles bâtisses du centre- ville n'ont pas changé d'un iota. » C'est dire que dans cette wilaya en général et à Lakhdaria en particulier, le vieux bâti et « les ruines algériennes » ont encore de beaux jours devant eux.