Depuis l'année 2008 à ce jour, la wilaya de Bouira a enregistré 27 cas de suicides consommés et une trentaine de tentatives. En moins d'un mois trois personnes ont mis fin à leurs vies, dans la daïra de M'Chedallah à l'est de Bouira, c'est dire l'ampleur du phénomène qui prend des proportions effrayantes. Selon le bilan avancé par la brigade de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Bouira, la majorité des cas enregistrés sont recensés dans les zones rurales enclavées, telle que la commune El Hachimia à l'ouest de Bouira qui est en tête de liste avec 7 suicides, suivie de Mesdour au sud avec 4 suicides, ce phénomène touche particulièrement les couches défavorisées, la couche sociale la plus sujette au suicide est celle située entre 18 et 45 ans. D'autre part, dans le même bilan, l'on note que la gent féminine a plus tendance aux tentatives de suicides que les hommes, avec 38 cas dont 50% consommés contre 10 cas consommés chez les hommes. Eléments déclencheurs d'une crise suicidaire, quelles sont les véritables raisons qui font qu'autant de personnes en arrivent à des ultimes solutions. Pour en savoir davantage, une jeune fille à la fleur de l'âge qui a tenté d'en finir avec sa vie, a bien voulu se livrer à nous « j'ai décidé de mourir, car ma vie est fichue, j'ai trahi mes parents, j'ai commis l'irréparable ». Un peu plus loin, dans un village enclavé, un jeune ingénieur en chômage qui a fait une tentative, nous dira d'un air brisé « j'ai eu mon lot de difficultés, je suis envahi par une série de peut-être et de si, à mon âge, c'est ma mère qui me donne l'argent de poche, c'est comme si je étais encore un écolier, moi qui suis ingénieur, alors pour en finir, j'ai fait une tentative, malheureusement échouée, et je n'hésiterai pas à en faire une seconde ». A ce niveau, certains facteurs sociaux, familiaux ou personnels rendent la personne plus vulnérable au suicide, ces éléments peuvent la déstabiliser et l'entraîner vers le non-retour. Les ruptures amoureuses, les conditions socio-économiques dans lesquelles vivent des milliers de familles, l'honneur, la solitude, l'isolement et le chômage sont en conséquence des facteurs déterminants d'une crise suicidaire. Un psychologue qui a accepté de nous fournir son analyse du suicide, dira « ce n'est pas la mort qui est recherchée, mais la fin de la souffrance, la personne suicidaire, en aucun cas ne souhaite vraiment la mort ». D'autre part, il évoque le contexte d'éloignement et d'isolement de certains villages qui peut s'avérer pesant sur ces personnes, avant d'enchaîner « il est important de savoir qu'il n'est jamais trop tard pour intervenir, il suffit quelquefois de tendre la main pour sauver une vie ».