Il s'agit de la sclérodermie dont le diagnostic a été confirmé après des examens sanguins. S. L. ne semble pas comprendre ce qui lui arrive, mais elle sait que les hommes et les femmes en blouse blanche qui rentrent dans sa chambre s'occupent d'elle. Son sourire et le regard fixé sur le visage de son médecin qui avance vers elle sont la preuve d'une certaine aisance et de confiance. «Regardez ces ulcérations, un des signes révélateurs de la maladie. En plus, les doigts sont en forme effilée et de couleur bleue. Cette maladie évolue en atteignant tout le corps et le visage notamment. Elle touche de plus en plus de personnes jeunes», explique le Pr Rezig Ladjouze, chef du service de rhumatologie à l'hôpital, avant d'être interrompue par la maman de la malade qui montre les photos de sa fille. «Regardez comment elle était, et voilà la transformation aujourd'hui», souligne-t-elle. Les cas sont de plus en plus nombreux, et d'autres malades sont aussi admises et hospitalisées pour une exploration approfondie. Au service femmes, où S. L. occupe un lit, au moins une dizaine de patientes venues des différentes wilayas du pays souffrent de cette maladie et certaines sont atteintes de polyarthrite rhumatoïde, de maladie lupique (lupus) et autres maladies rhumatismales. Elles ont entre vingt et quarante ans, ces femmes portent toutes des «marques» de cette maladie méconnue. La maladie en question, signale le Pr Rezig Ladjouze, altère sérieusement les articulations et touche en plus l'œsophage et les poumons. L'atteinte pulmonaire est l'une des complications grave et provoque une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP). «La maladie touche particulièrement les femmes âgées entre 20 et 40 ans, ajoute-t-elle, tout en regrettant qu'elle reste une maladie sous-diagnostiquée qui fait que des patients arrivent à des stades très avancés.» Avec les traitements disponibles, dont les corticoïdes et certains nouveaux produits (Mabthera), on arrive à stabiliser la maladie, mais l'on ne s'attend pas à une guérison. Le Pr Ladjouze a noté que beaucoup de cas se sont présentés au service suite à une émission de télévision sur la maladie. «Habituellement, les patients ne consultent pas lors des premiers symptômes de cette maladie auto-immune. Elles arrivent souvent avec les complications graves, notamment l'hypertension artérielle pulmonaire et l'atteinte articulaire, et jusqu'à l'amputation des doigts et des orteils. Il faut savoir que le pronostic dépend du diagnostic», soulignet-elle encore, d'autant que la sclérodermie est souvent associée à d'autres maladies, telles que la polyarthrite rhumatoïde et le lupus. Une autre maladie tout aussi handicapante est la spondylarthropathie qui touche en particulier les sujets jeunes de sexe masculin. Elle se manifeste par des atteintes articulaires périphériques, telles que le genou et la hanche. «Cet enfant âgé de dix ans, N.M., venu de Skikda, est un cas qui nécessitera des prothèses aux deux genoux. Outre les anti-inflammatoires, la chirurgie est l'un des moyens efficaces pour lutter contre cette maladie», indique le chef de service qui termine sa tournée au pavillon hommes où le petit N.M. tente, en s'aidant de ses béquilles, de nous accompagner jusqu'au couloir. Pour le Pr Rezig Ladjouze, il est important de porter une attention sur les maladies osseuses qui sont nombreuses à être douloureuses et invalidantes, en citant l'ostéomalacie, l'hyperparatyroïde et l'ostéoporose.