Le tout nouveau projet de la ligne ferroviaire reliant Bouira à Bordj Bou Arréridj, avec en prime un changement de trajectoire qui, selon le plan initial, devra longer la rive nord de l'oued Sahel (est de Bouira) n'est visiblement pas du goût des citoyens de cette région qui dénoncent «la manière avec laquelle ce projet a été initié dans l'ignorance totale de la réglementation en vigueur et des intérêts des populations concernées». En effet, l'accent a été mis, lors d'une réunion tenue le dimanche dernier dans la localité de M'Chedallah, et regroupant plusieurs dizaines de citoyens de la région dont la majorité est constituée d'agriculteurs, sur ce qui est qualifié de «massacre sans retenue de terres à haute valeur agricole». Selon les contestataires de ce projet qui «peut aisément suivre une autre trajectoire sans toucher aux terres agricoles, en passant par la rive sud de l'oued Sahel», les conséquences seront très graves. Ainsi, pas moins de 350 hectares de terres fertiles et de surcroît irriguées seront engloutis par ce projet. De ce fait, quelque 2000 ha de plaine fertile seront répartis en deux, impliquant des difficultés d'exploitation à l'avenir. Cette situation qualifiée de «non droit» engendrée par l'absence de consultation au préalable et le non-respect de la réglementation, notamment le décret présidentiel n°36, la loi 90-25 du 18 novembre 1990 portant Orientation foncière, et la loi n°08-16 du 03 août 2008 portant Orientation agricole. Cette dernière loi stipule, effectivement, dans ses articles 14 et 15 que toute utilisation autre qu'agricole est interdite pour «une terre classée terre agricole ou à vocation agricole». Pour mieux se faire entendre, les contestataires ont adressé des correspondances aux responsables compétents, dont le président de la République à qui il est demandé d'intervenir pour faire cesser «cette agression caractérisée des meilleures terres agricoles de la région». D'autre part, c'est le député indépendant de la circonscription de Bouira, M. Brahimi qui va au devant de cette affaire en saisissant personnellement, à travers des questions écrites, les ministres des Transports et de l'Agriculture. Dans les deux questions il est fait état d'une «préoccupation qui inquiète gravement des milliers de citoyens à travers cinq communes de la wilaya de Bouira à savoir El Esnam, Bechloul, El Adjiba, M'Chedallah et Ath Mansour». Selon lui «ces citoyens conscients du préjudice irréversible et irréparable que ce tracé peut causer au potentiel agricole de leurs localités, ont alerté toutes les autorités locales, wilayales et nationales susceptibles de le faire rectifier, mais sans réponse connue à ce jour».