La réaction des forces de l'ANP ne s'est pas fait attendre après l'attentat qui a ciblé vendredi dernier une patrouille, faisant quatre blessés graves, dont deux militaires et deux gardes communaux, dans la forêt de Kimel, à environ une vingtaine de kilomètres de T'kout, au sud de la wilaya de Batna. La région située sur les frontières de trois wilayas, à savoir Batna, Biskra et Khenchela, est, depuis samedi, le théâtre d'une gigantesque opération militaire où sont utilisées les forces héliportées et l'artillerie lourde. Objectif : bombarder les monts H'mar Khaddou et Djebel Lazreg, en plus de la forêt de Kimel, pour chasser les groupes terroristes qui s'y sont retranchés. Hier, des jeunes ont été sommés de quitter le terrain de foot du village Lekseur où les militaires sont venus installer un camion lance-missiles visant Djebel Lazreg. Tous les sites pris pour cible sont embrasés depuis trois jours ajoutant à la chaleur caniculaire qui prend la population en otage. L'offensive de l'ANP serait motivée, selon des citoyens de T'kout, par le kidnapping d'un militaire lors de l'explosion de la bombe qui a ciblé la patrouille à Kimel. Pour les citoyens, rien n'explique cette soudaine offensive après des mois d'accalmie suivant le dernier ratissage en réaction à l'attentat qui a fait 9 victimes parmi les militaires, non loin de là, au lieudit M'ziraâ. En l'absence d'une communication officielle, ni le bilan de l'attentat de samedi ni celui du ratissage actuel ne sont connus. Par ailleurs, il s'agit de la traque des éléments de trois katibate affiliées au GSPC, devenu Al Qaïda au Maghreb. Les trois branches, Al Mawt, El Fath El Moubine et H'mar Khaddou, emploient environ 90 terroristes, selon nos informations. Les capacités de nuisance de ces groupes, dirigés respectivement par Ali M'hira, Benkherrour Walid et Mehouche Hassan et chapeautés par l'émir de la région Yahiaoui Abdelali, alias Younes Abou El Hassan, dont on dit qu'il vient d'être remplacé, ont été vérifiées sur le terrain par le nombre d'attentats et la comptabilité macabre qui en résulte depuis des années. Il est peu probable que l'opération militaire en cours ne soit davantage qu'une réaction ponctuelle en dépit des gros moyens déployés. Depuis l'attentat spectaculaire qui a coûté la vie à 43 militaires en 2003, l'ANP n'a jamais engagé une opération stratégique pour nettoyer la région des foyers terroristes, même si on dit que de nombreux congrès du GSPC ont été empêchés à la dernière minute. Les populations chaouies de T'kout, Arris, M'chounèche et de nombreux villages de la région font encore les frais du climat d'insécurité qui règne dans cette région paupérisée et grillent au milieu du brasier allumé depuis samedi.