Une journaliste soudanaise, passible de 40 coups de fouet pour avoir porté un pantalon, une tenue jugée « indécente », sera fixée sur son sort le 4 août après l'ajournement hier de l'audience devant un tribunal de Khartoum. Loubna Ahmed al-Hussein, qui travaille pour un journal de gauche ainsi qu'à la section communication de la Mission des Nations unies au Soudan (Unmis) et bénéficie à ce titre d'une immunité, a annoncé son intention de démissionner pour que le procès se poursuive, a expliqué son avocat. « La cour a donné le choix à Loubna : soit accepter l'immunité octroyée par les Nations unies, soit lever l'immunité et poursuivre le procès », a affirmé Nabil Adib. « Loubna a choisi d'abandonner son immunité », a-t-il dit. Mme Hussein, qui s'est présentée devant le juge en pantalon, a déclaré devant la cour qu'elle avait l'intention de quitter l'ONU. « Je souhaite démissionner de l'ONU. Je souhaite que ce procès continue », a-t-elle affirmé devant une centaine de personnes venues assister à l'audience. Mme Hussein, qui porte le voile islamique, risque 40 coups de fouet et une amende de 250 livres soudanaises (100 USD) si elle est reconnue coupable. Elle avait raconté qu'elle se trouvait dans un restaurant le 3 juillet, lorsque la police y avait fait irruption, ordonnant à 13 femmes portant un pantalon de les suivre au poste. Dix des femmes avaient été convoquées par la police deux jours plus tard et fouettées dix fois chacune, selon elle. Parmi elles, figurent des Soudanaises du Sud semi-autonome, majoritairement chrétien ou animiste, où la charia (loi islamique) n'est pas en vigueur. Hier, la journaliste portait les mêmes vêtements que ce jour-là : un pantalon et un foulard verts et un haut à fleurs. Quelques-unes des femmes, venues afficher leur soutien, portaient aussi un pantalon en signe de solidarité. En quittant le tribunal, Loubna Hussein a salué la foule dans un geste de défi. « Nous sommes ici pour soutenir Loubna, parce que traiter les femmes de cette manière est arbitraire et incorrect, a déclaré Zouhal Mohammed el-Amine, professeur de droit à Khartoum. Les femmes ne devraient pas être humiliées de cette manière. » Une autre journaliste, Amal Habbani, a été accusée d'avoir diffamé la police après avoir écrit un article dans le journal Ajrass al-Horreya, condamnant la manière dont Loubna Hussein avait été traitée. « J'attends une décision », a déclaré Mme Habbani, passible d'une amende de plusieurs centaines de milliers de dollars si elle est reconnue coupable. Pour le Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'homme, la plainte contre Mme Habbani découle de son affirmation que l'arrestation de Mme Hussein « n'était pas une question de mode, mais une tactique politique pour intimider et terroriser les opposants ».