Cette mise en scène des derniers jours de la vie des moines de Tibhirine émeut le public, et le bouche à oreille fait le reste. Vendredi dernier, le dernier chiffre publié faisait état de 467 000 entrées en l'espace de 15 jours. Et ce n'est pas fini. Le film, qui a déjà obtenu à Cannes le grand prix du jury, le prix œcuménique et celui de l'Education nationale, pourrait représenter la France à la cérémonie des Oscars en février 2011, a annoncé vendredi le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Si Xavier Beauvois ne prend pas partie, essayant de garder surtout l'aspect spirituel du message des moines, certains ont voulu voir dans une scène du film une indication du cinéaste. Alors que la tension terroriste est à son comble en Algérie, dans les premiers mois de l'année 1996, et que l'armée tente de réduire les maquis islamistes, dans un plan saisissant, un hélicoptère survole bruyamment le monastère, et les moines chantent de plus belle pour atténuer le vacarme. Pour ces critiques, ce serait là une illustration de l'hypothèse de la bavure militaire algérienne avancée par un ex-officier de l'armée française en poste alors à Alger. En outre, les éditions Bayard viennent de publier Le Jardinier de Tibhirine, de Christophe Henning, journaliste à l'hebdomadaire catholique Le Pèlerin. C'est un entretien avec un prêtre, Jean-Marie Lassausse qui se consacre depuis la mort des moines à l'entretien régulier de la propriété du monastère, et notamment du jardin. L'auteur rappelle que chaque année «un millier de personnes viennent chaque année se recueillir à la mémoire des moines assassinés».