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« Il faut revenir aux constructions en terre »
Yasmine Terki. Commissaire de l'exposition « Architecture de terres »
Publié dans El Watan le 01 - 08 - 2009

Rencontrée à l'occasion de la clôture, mercredi dernier, de l'exposition « Architecture de terres » dans le monde, au Palais des Expositions de la Safex, Mme Yasmine Terki revient sur le concept de cette imposante exposition qui a été organisée dans le cadre de la deuxième édition du festival panafricain d'Alger.
L'exposition en question qui est le fonds personnel du ministère de la Culture renseigne-t-elle sur le savoir-faire traditionnel en matière d'architecture de terre dans le monde ?
En effet, tout le produit de l'exposition est la propriété du ministère de la Culture. L'objectif est d'essayer de laisser circuler cette exposition tant à l'intérieur qu'à l'exterieur du pays, dans les wilayas du Sud. On espère la faire voir un peu partout en Algérie et puis également à l'étranger. L'objectif de cette exposition est également de promouvoir l'architecture de terre car la volonté du ministère de la Culture est de sauvegarder le patrimoine algérien du bâti de terre, c'est-à-dire les ksours du Sud de l'Algérie.
Pour les besoins de cette exposition, vous avez initié une campagne photographique terrestre et aérienne de tous les ksour où plusieurs centaines de clichés ont été immortalisés...
On a organisé une campagne photographique terrestre et aérienne grâce au ministère de la Défense qui a mis l'armée au service de la Culture. C'etait une campagne photographique aérienne et terrestre de tous les ksour qui bénéficient d'une mesure de protection légale du ministère de la Culture. Nous avons fait 48 ksour en cinq semaines. Nous avons fait cela au pas de course. Nous avons travaillé du lever du soleil jusqu'à minuit. Quand le soleil se couchait on arrêtait de faire des photos mais après il fallait ranger, classer toutes les photos pour pouvoir retrouver les photos ksar par ksar, wilaya par wilaya. On a fait cela au pas de charge pendant cinq semaines bien pleines. Aujourd'hui, on a un fonds photographique de plusieurs milliers de photos. Nous sommes en possession, disons de cinq mille photos terrestres et aériennes.
Pourriez-vous revenir sur le concept de l'exposition ?
Le principe de l'exposition, c'est la promotion de l'architecture de terre. L'objectif est de redonner foi aux gens en ce matériau et en cette architecture en leur montrant que si c'est effectivement une architecture qui a un passé radieux, ce sont également des architectes qui ont un présent et qui ont également un avenir illuminé. Nous voulons montrer aux gens que nous pouvons, aujourd'hui construire des maisons en terre qui répondent aux normes les plus modernes de confort, de sécurité et de durabilité. C'est cela qu'on veut montrer à travers cette exposition.
L'exposition se décline en quatre espaces distincts où les rédactionnels et les visuels occupent une place de choix.
Absolument, on fait découvrir l'architecture de terre aux gens à travers quatre espaces. Le premier est consacré à la diversité des styles de l'architecture de terre où l'on découvre différentes techniques de construction de terre. Le second, on l'a nommé ksours protégés d'Algérie entre pierre et terre. On montre qu'il y a des ksours construits en terre et des ksour construits en pierre. On montre les photos de ce fonds qu'on a créé. Le troisième espace est l'espace d'universalité de l'architecture de terre dans lequel on montre que ce n'est pas une architecture spécificique à l'Afrique ou au Tiers-Monde mais qu'elle a toujours existé partout, sur tous les continents. Le dernier espace lève le voile sur la modernité des l'architecture de terre dans lequel on montre que cette architecture est totalement apte à s'adapter aux normes les plus modernes de confort, de sécurité et de durabilité. Aujourd'hui, dans le monde, elle est devenue une architecture de luxe alors que chez nous, nous la négligeons. Il faut absolument qu'on recommence à construire en terre.
L'exposition dévoile également un fonds documentaire étranger, riche en données. Comment avez-vous procédé pour collecter toutes ces sources d'information ?
J'ai eu la chance de faire de l'architecture de terre ma spécialité. Je suis architecte des monuments historiques mais j'ai également fait une spécialité en architecture de terre dans le Centre mondial de la Construction de terre à Grenoble. J'ai eu le privilège de suivre cette formation pour le compte du ministère de la Culture. J'ai un réseau d'architectes spécialistes de l'archiecture de terre. C'est à travers ce réseau que j'ai pu collecter tout ce que je voulais.
Justement, ne pensez- vous pas que cette archiecture de terre est en péril aujourd'hui en Algérie ?
La mode est à l'heure actuelle au développement durable, aux architectures bioclimatiques. La plupart des gens sont dans cette mode du naturel. C'est un retour aux sources. On a énormément pollué notre planète. On a beaucoup utilisé dans le passé des matériaux dont on réalise aujourd'hui qu'ils sont nocifs pour l'homme. C'est pourquoi on est revenus au naturel. Je pense que la nature reprend toujours ses droits. Ce matériau est un matériau qui a toujours été utilisé dans le monde, même avant l'arrivée du ciment. Un jour ou l'autre, nous reviendrons à cette architecture de terre.


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