Ahmed Bennaoum et Ahmed Oukili, respectivement PDG et directeur de publication du journal Erraï El Aam, ont été condamnés, hier, par la cour d'Oran à deux mois de prison ferme et à 10 000 DA d'amende pour outrage à corps constitué, suite à une requête déposée par la DGSN. Et ce, suite à la parution d'articles publiés par Erraï et Le Journal de l'Ouest qui mettent en cause la gestion et les dépassements de l'ex-chef de la sûreté de la wilaya d'Oran. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la famille Bennaoum et le collectif d'Erraï El Aam s'insurgent contre ce harcèlement qui se poursuit contre le groupe Erraï El Aam. La justice est « aux ordres, fonctionnant au gré des injonctions de ceux qui font et défont le sort des citoyens », c'est ce que pensent les signataires du communiqué. Pour eux, la Cour suprême aurait dû « prononcer la déchéance des charges pour des vices dans la forme et dans le fond ». Et pour cause, « la DGSN ne pouvait en aucun cas se constituer partie civile puisqu'elle n'a pas la qualité de corps constitué ». La famille Bennaoum et le collectif d'Erraï El Aam se basent sur un précédent : le tribunal de Sidi M'hamed s'était, pour les mêmes motifs, déclaré incompétent et avait rejeté la requête de la DGSN à se constituer partie civile dans une affaire qui l'opposait aux quotidiens El Watan et El Khabar. Pourtant, s'étonnent les signataires du communiqué, la cour d'Oran a déclaré la plainte recevable et le procès s'est tenu. Pour la famille Bennaoum et le collectif d'Erraï El Aam, ce verdict « traduit la volonté du pouvoir de mettre au pas tous les titres de la presse nationale sommés de se ranger sur ses thèses ». Enfin, les signataires mettent l'accent sur leurs inquiétudes tant pour les journaux suspendus depuis août 2003 que pour le sort qui sera réservé à M. Bennaoum, en détention depuis le 28 juillet 2004 pour une affaire « montée par l'ex-chef de la police et la direction des impôts d'Oran sur la base de faux documents qu'ils ont confectionnés », écrivent les signataires du communiqué. Ces derniers ajoutent que la justice a refusé les demandes de mise en liberté provisoire, malgré les preuves d'innocence présentées par la défense ainsi qu'un dossier médical prouvant la fragilité de l'état de santé de l'accusé.