Les festivités du 10ème anniversaire du règne du Roi Mohammed VI ont été marquées aussi par le discours du monarque qui n'a pas laissé échapper l'occasion pour évoquer la question des frontières avec l'Algérie, « fermées unilatéralement par ce pays ». Il a appelé à « normaliser ses relations avec l'Algérie pour la construction d'une union maghrébine stable, intégrée et prospère », tout en déplorant au passage « l'attitude injustifiée et contraire aux droits fondamentaux des deux peuples voisins et frères, notamment celui d'exercer leurs libertés individuelles et collectives en matière de circulation et d'échanges humains et économiques. Le premier à avoir réagi à ces déclarations n'est autre que le député de Tlemcen, Mohammed Benhamou, en université d'été dans la station balnéaire de Marsat Ben M'hidi. « Cette énième sortie du Roi du Maroc ne nous surprend pas, une fois de plus, en ce sens qu'à chaque occasion, Mohammed VI relance son désir de rouvrir les frontières avec notre pays. Personne ne peut être contre une union régionale forte, mais nous n'acceptons jamais que cela se fasse au détriment de notre pays », dit-il, avant d'ajouter : « Nous ne sommes pas rancuniers, mais nous n'avons pas la mémoire courte. En 1994, nos touristes ont été humiliés et pendant la décennie noire qu'a traversée notre pays, nos voisins jubilaient au point où ils ne lésinaient sur aucun moyen pour que notre pays explose ». Fermeture marocaine « Les camps d'entraînement des terroristes, l'acheminement des armes à partir du Maroc et les quantités immenses de drogue qui nous sont fourguées du royaume chérifien pour nous empoisonner nous poussent à réfléchir », rétorque M. Benhamou, qui dit parler en connaissance de cause parce que habitant à 5 km de la frontière et avocat de profession. Le même interlocuteur a également affirmé : « Nous les Algériens, nous ne sommes coupables de rien. Et si les frontières devaient être rouvertes, c'est sous conditions, bien entendu ». Des citoyens de la ville de Maghnia, qui déplorent eux aussi la fermeture marocaine, dans le sens où elle est ouverte pour les contrebandiers, estiment que c'est ridicule qu'on parle de fermeture de frontière, alors qu'officieusement, elle est toujours ouverte. « Nous souhaitons, pour des raisons économiques et humaines, que ces frontières soient rouvertes, mais avec des conditions, comme le respect de la dignité, l'égalité de la monnaie, entre autres (actuellement, 1 000 DA sont échangés contre 190 DH, 18 euros, à peu près) »,déclarent - ils. Pour information, des milliers d'artisans marocains (plâtriers, carreleurs, boulangers…) travaillent dans les villes de la bande frontalière…