Le roi du Maroc perd son sang-froid et s'en prend à l'Algérie, pour justifier ses échecs répétés et faire taire les rumeurs qui courent à Rabat et ailleurs au sujet de son propre devenir. C'est devenu une habitude chez lui : dès que ça va mal au Maroc, il agite “la main de l'étranger”, en accusant l'Algérie de tous les torts. À l'occasion de la célébration du 9e anniversaire de son accession au trône, le souverain marocain, qui s'était illustré par une escapade de plus de 40 jours, veut donner l'impression de régner, en s'attaquant ouvertement au voisin algérien, pour masquer la grogne sociale qui gagne de plus en plus le terrain au Maroc et qui risque de lui coûter cher. Au lendemain de l'appel lancé par les dirigeants du Polisario, en vue de reprendre les négociations avec le Maroc, sans l'envoyé spécial de l'ONU, coupable de parti pris flagrant, le roi du Maroc reprend la thèse éculée appelant l'Algérie à négocier au sujet du conflit du Sahara occidental. Mohammed VI ne comprendra, donc, jamais, que pour un pays qui a payé cher son indépendance, celle des autres n'est pas à brader. Ce n'est pas le seul mensonge contenu dans le discours royal. Evoquant la question des frontières terrestres, Mohammed VI a affirmé que “quelles que soient les différences de points de vue dans ce conflit, il ne saurait justifier la poursuite de la fermeture des frontières. Cette mesure unilatérale est vécue par les deux peuples comme une sanction collective incompatible avec leurs liens de fraternité historique, les exigences de leur avenir commun et les impératifs de l'intégration maghrébine”. Il a juste sciemment omis de rappeler les causes de la fermeture des frontières terrestres et les conditions posées par Alger pour leur réouverture. Ce “mensonge par omission” concerne également l'UMA que le Maroc avait officiellement gelée, puis boudée. Le Maroc voudrait bien revenir aux années fastes où des millions d'Algériens renflouaient ses caisses et faisaient vivre des villes entières, à l'instar d'Oujda. Justement, dans cette ville, les stations d'essence sont boudées, au profit du carburant algérien introduit quotidiennement par les “hallabas”, sous l'œil bienveillant des gardes de Sa Majesté. Le Maroc avait vite fait d'accuser l'Algérie en 1994, lors de l'attentat de l'hôtel Regency à Marrakech. L'histoire l'a démenti. Mais elle n'a jamais démenti le fait que Abdelhak Layada, alors “émir” national du sanguinaire GIA, avait séjourné au Maroc et avait été pris en charge par les services secrets marocains qui voulaient le manipuler. L'histoire n'a jamais démenti les accusations du président Abdelaziz Bouteflika, en 1999, au lendemain de l'attaque terroriste de Béni Ouennif. Les faits sont têtus. Le royaume chérifien ne semble pas être prêt à changer d'attitude velléitaire à l'égard de l'Algérie, tout en continuant à lui en vouloir pour sa position de principe sur la question de décolonisation du Sahara occidental, et en lui reprochant de maintenir les frontières terrestres fermées. Si le roi se gargarise de “la reconnaissance par l'ONU du sérieux et de la crédibilité de notre initiative courageuse d'autonomie, ainsi que du caractère irréaliste et illusoire du séparatisme”. Pourquoi, donc, demander à Alger de négocier avec lui ? Pourquoi recourir à la répression des populations sahraouies, dans les territoires occupés, et venir claironner son respect de la légalité internationale ? Azzeddine Bensouiah