Oued Sahel, l'un des affluents de la Soummam, arbore une triste figure d'amont en aval. Pourtant, il n' y a pas si longtemps, l'écosystème était d'une splendeur à couper le souffle : une étendue aquifère limpide et foisonnante de vie et un lit majeur couvert de galets immaculés. Les riverains qui ont souvenance du passé de cette merveille de la nature sont horripilés, tant le contraste est saisissant. Et pour cause : la pollution est, depuis, passée par là. « Les choses ont commencé à se dégrader sérieusement il y a une dizaine d'années environ, avec la prolifération des ordures et le déversement effréné des eaux usées dans le cours d'eau », se rappelle un citoyen habitant à un jet de pierre de la rive gauche de l'oued. L'écosystème avale quotidiennement un brouet malsain d'eaux usées d'origines ménagère et industrielle, tandis que les berges sont ostensiblement souillées par des monticules d'immondices dispersées à perte de vue. Cette pollution est plus patente à hauteur du village Allaghan où les volutes de fumée, générées par la combustion des déchets, enveloppent l'horizon d'une épaisse brume, ajoutant une louche de nuisance à ce décor lugubre. Pour ne rien arranger, l'extraction de grosses quantités de sable, au même temps qu'elle dépouille le lit de son substrat, fait peser une sérieuse menace de pollution sur la nappe phréatique. « C'est une pollution aussi dangereuse que sournoise qui finira fatalement par dépeindre sur la santé publique, d'autant plus que des commune entières, à l'image d'Ighil Ali, sont alimentées à partir de forages situés à proximité du cours d'eau », estime un riverain d'Allaghan.