Le livre le plus « terrible », le plus « effroyable » que j'ai lu sur la « Révolution française » est Robespierre terroriste(1). Un livre signé par Albert Mathiez, l'un des plus grands spécialistes de cette « Révolution » mythique. Le réquisitoire le plus cru, le plus violent écrit contre de Gaulle (d'après mes lectures) a été écrit par Pierre Peuchmaurd(2) un « soixante-huitard », juste âgé de 20 ans en mai 1968. Comment Robespierre, cet « avocat des pauvres », ce défenseur acharné des droits de l'homme, de l'égalité, de la fraternité et de la liberté, est-il devenu le plus grand adepte du « guillotinisme » ? Et comment de Gaulle, cet ennemi acharné du nazisme, ce libérateur de la France meurtrie, est-il devenu, en 1958, le « général » qui a ordonné la « guerre totale », l'écrasement du peuple algérien révolutionnaire, combattant pour sa liberté(3) et le plus grand dictateur, aux yeux des Français épris de liberté, en 1968 ? François Jeanson, Pierre Peuchchmaurd, Jean-Paul Sartre, Françoise Sagan(4), Henri Alleg et beaucoup d'autres Français, vrais fils de la « Révolution de l'égalité, de la fraternité et de la liberté », ont combattu de Gaulle, « qui a renié les principes de la Révolution française », comme Danton et « ses frères » ont combattu au prix de leur vie leur « idol » et ami Robespierre », « qui a tourné la veste » le « jour où il est devenu le maître de cette horrible machine appelée guillotine », créée par son ami Guillotin, le « médecin » qui a bafoué ce mémorable adage de Pasteur : « Ne me dis pas d'où tu viens, ne me dis pas quelle est ta race, ta religion, dis-moi que je souffre et je suis là pour te guérir. » Francis Jeanson est devenu pour moi cette « lumière de Moïse », le jour où il nous a rendu visite à l'ex-ENAL, en 1984, portant un livre inoubliable qu'il a écrit sur sur sa vie et celle de ses amis, militants de la « cause algérienne ». Pendant le dîner offert en son honneur par mon ami Seghir Benamar, le directeur général de l'ENAL, à l'époque, je n'ai cessé de lui poser des questions sur son engagement pour « notre liberté », nous le peuple musulman, arabo-berbère et africain, au moment où d'autres Français, comme ce général de Gaulle, ce Miterrand ou même cet « Algérien », prix Nobel de littérature, qui est Albert Camus, croyaient que nous les « Indigènes », les esclaves, nous devrions supporter le joug de la colonisation pour l'éternité, étant des « sous-hommes », incapables de comprendre, voire de mériter cette « liberté » qui a été le plus grand principe de la « Révolution française ». Pour nous, Francis Jeanson est un immense « moudjahid » de la Révolution algérienne. Combattre pour la liberté de son pays est un devoir, mais combattre pour la liberté des « autres », c'est se soulever aux dessus des « déchets », plutôt de la déchéance de ce qu'on appelle « l'humanité ». Repose en paix, ami Francis Jeanson. Je suis sûr que tu rencontreras au paradis des hommes aussi exceptionnels que Diogène, Che Guevara, Pasteur, l'Emir Abdelkader et autres défenseurs de la liberté, la grande liberté. (1) Editions Le renaissance du livre, Paris 1931. (2) Editions Robert Laffont, Paris 1968. (3) Le guerre d'Algérie a été entre 1958 et 1961, un véritable enfer. Les victimes ne se comptaient plus. (4) Peu d'Algériens savent que F. Sagan a caché des moudjahidine chez elle. Ali Haroun m'a raconté qu'elle utilisait aussi la malle de sa citroën DS pour « faire passer les barrages » aux moudjahidine de la Fédération de France.