On ne présente pas Me Jacques Vergès, ce fidèle et vrai ami de l'Algérie. On le sait éminent avocat, défenseur des causes indéfendables. Il est aussi un talentueux écrivain qui a signé plusieurs ouvrages en relation avec la justice. C'est en tant que tel qu'il a fait son entrée dans la célèbre collection Que sais-je des Presses universitaires de France avec un titre en relation avec ce qu'il a toujours combattu avec acharnement : Les Erreurs judiciaires. Un sujet plus que jamais d'actualité, abordé il y a une quarantaine d'années par un autre grand avocat pénaliste, le regretté René Floriot, selon lequel « l'homme le plus honnête, le plus respecté, peut être victime de la justice » censée constituer le dernier rempart auquel s'accroche le citoyen. Oui, l'erreur judiciaire a frappé, frappe et, hélas, frappera encore tout un chacun qu'il soit puissant ou humble. Jacques Vergès rapporte, dans un style captivant, quelques-unes des célèbres erreurs judiciaires qui ont marqué l'histoire de l'Institution judiciaire française, traitées dans un ordre intelligent : faute originelle, de la religion des aveux, du bon usage des témoignages, de l'utilisation des experts et bien évidemment une conclusion. Par « inclination » professionnelle, on dira de ce qu'il écrit, à propos des erreurs judiciaires, du fait de l'expertise que c'est carrément effroyable : des scientifiques, des hommes de l'art, des idoines supposés mettre leur savoir au service de la justice, se laissent aller à des dépassements, des négligences coupables qui ont pour finalité d'orienter négativement la décision du juge, contribuant ainsi à asseoir l'erreur judiciaire. Dans sa conclusion, l'auteur suggère une multitude de solutions plus que jamais d'actualité : avec l'affaire d'Utreau, la France est actuellement secouée par le plus grand scandale judiciaire du siècle. Ah ! Si le juge Burgaud avait lu et retenu les leçons de maître Vergès pour qui « l'erreur est humaine. On ne la fera pas disparaître. Mais il est possible de faire en sorte qu'elle soit plus rare, et dans le cas où elle advient, qu'elle soit corrigée sans traîner... ». Et de suggérer que « le remède existe, il consiste à appliquer la loi à tous les échelons... La seule révolution à faire est dans les esprits ». Un livre qui se laisse agréablement dévorer d'une seule traite, autant par les gens de justice que par ceux qui en général sont épris de bonne lecture. Nos importateurs seraient bien inspirés en faisant entrer sans tarder dans nos librairies, Les Erreurs judiciaires de Jacques Vergès, chez PUF, Paris.