L'Algérie et la France ont décidé d'inaugurer officiellement leur partenariat dans le domaine militaire par la signature d'une convention de coopération militaire et technique et d'un accord intergouvernemental portant sur les questions de sécurité. Ces deux projets d'accord, actuellement à l'étude, « permettront aux deux pays d'inscrire leurs relations en matière de défense et de sécurité dans l'efficacité et la durée », a déclaré la ministre française de la Défense, Mme Alliot-Marie, lors d'une conférence de presse animée hier, à Alger, avec le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Premier responsable du département français de la Défense à effectuer une visite officielle en Algérie depuis l'Indépendance, Michelle Alliot-Marie a ajouté que « le partenariat d'exception » envisagé par l'Algérie et la France dans le domaine militaire et sécuritaire ouvre également la voie à une coopération centrée sur la sécurité en Méditerranée entre les trois pays du Maghreb (Algérie, Tunisie et Maroc) et des nations de l'Europe de l'Ouest, telles la France, l'Espagne, le Portugal et l'Italie. D'avis à « aller au-delà des discours et à définir des thèmes et des calendriers de travail précis », Mme Alliot-Marie a indiqué avoir proposé aux autorités algériennes de tenir une réunion des « 4+3 » dans le cadre de l'UE, dès l'automne prochain à Paris, afin de « lancer des actions concrètes pour rapprocher les deux rives de la Méditerranée ». Ouverte aux ministres de la Défense des 4+3, cette réunion n'abordera pas, a-t-elle souligné, la question du Sahara-Occidental. Un dossier qui relève, selon elle, des prérogatives des ministères des Affaires étrangères. S'étalant longuement sur le futur des relations algéro-françaises dans le domaine militaire, Mme la ministre a précisé que les accords en préparation par les deux pays n'excluront aucun domaine de coopération dans la mesure où ils sont destinés à définir le cadre d'« un partenariat militaire, d'armement et stratégique ». A ce propos, elle a fait remarquer que son long entretien avec le président Bouteflika laisse déjà entrevoir la possibilité de mener des exercices militaires conjoints et de lancer une coopération dans les domaines de la formation, du renseignement, des échanges d'expériences et de la lutte antiterroriste. Se montrant « réjouie et satisfaite » d'avoir été reçue au plus haut niveau, particulièrement par « le président Bouteflika, également ministre de la Défense », Michelle Alliot-Marie a expliqué que les accords envisagés entre l'Algérie et la France comprennent la vente d'armes et de matériels militaires. Elle a mentionné néanmoins que la vente d'armes ne constitue pas la finalité de ces accords. TRAVAILLER ENSEMBLE Ceux-ci, a-t-elle dit, sont beaucoup plus destinés à permettre aux armées des deux pays de se connaître pour travailler ensemble en vue d'« assurer la stabilité du Maghreb et de gérer conjointement les crises ». Sur le dossier des ventes d'armes, elle a signalé que les échanges avaient repris depuis déjà un certain temps entre les deux pays. Et de souligner que Paris et Alger collaborent également « très bien » en matière de renseignements. Infirmant l'idée d'une concurrence dans la région, particulièrement au Sahel, entre son pays et les Etats-Unis, Michelle Alliot-Marie a indiqué que la gestion du dossier du terrorisme fait qu'il y aura pour longtemps encore du travail pour tous. Cela surtout, a-t-elle dit, qu'il y a de grands risques d'éclatement de nouveaux conflits en Afrique.Elle a reppelé, en outre, que les actions des Etats-Unis et de l'Union européenne dans le domaine militaire sont complémentaires et entrent dans le cadre de l'OTAN. La France, a-t-elle poursuivi, compte d'ailleurs aider l'Algérie à se rapprocher de celle-ci. Concernant le caractère « politique » de sa visite et sans évoquer la possibilité de voir la France demander pardon aux Algériens pour les crimes commis en Algérie lors de la période coloniale, Mme Alliot-Marie a soutenu que la normalisation des relations algéro-françaises, malgré un passé douloureux, est un exemple et un message de paix et d'espoir adressé en direction des pays actuellement rongés par les guerres et les conflits. Cette normalisation des relations à laquelle ont plaidé Bouteflika et Chirac depuis l'année 2000 a des retombées autres que sécuritaires puisque les Algériens ayant pris part aux deux Guerres mondiales sont reconnus comme des « libérateurs » et recevront, à ce titre, leur pension d'anciens combattants. En revanche, il n'y aura pas « pour des raisons de sécurité », a-t-elle dit, la levée de la prescription sur les archives concernant la Révolution algérienne. D'avis aussi à regarder vers l'avenir « tout en gardant le passé comme capital », Nourredine Yazid Zerhouni a annoncé, pour sa part, une accélération de la coopération entre l'Algérie et la France lors des prochains mois. Au sujet de l'absence remarquée de Mohamed Lamari, général de corps d'armée et chef de l'état-major de l'ANP, lors de l'accueil de Michelle Alliot-Marie à son arrivée, vendredi à Alger, le ministre de l'Intérieur a précisé : « Il est actuellement en congé et reprendra ses fonctions le 22 juillet prochain. » Interrogé sur le cas de Abderrazak El Para, il a indiqué que celui-ci est toujours détenu au Tchad et que les négociations se poursuivent pour son extradition et son jusgement en Algérie.