Tout porte à croire que la concrétisation du projet du pôle d'engrais phosphatés de Bouchegouf (Guelma) n'est pas pour demain. Le comité interministériel chargé de son suivi, mis en place par l'Etat, ne parvient toujours pas à trouver de solution aux réserves émises par certaines administrations concernées. Ce comité, indiquent des sources du département de Chakib Khelil, devrait incessamment tenir une énième réunion pour tenter de trouver un terrain d'entente avec les directions de l'agriculture et des forêts de la wilaya de Guelma qui s'opposent à céder, à titre de concession, 450 hectares, une superficie incluse dans l'assiette foncière de 590 ha devant abriter le méga-complexe pétrochimique de Bouchegouf. Un différend pour le règlement duquel un comité local a été installé, il y a moins d'une semaine, par la wilaya de Guelma. Il est déjà en pourparlers avec les propriétaires terriens et la direction de la conservation des ressources forestières. Pourtant, en octobre 2008, le groupe Ferphos, promoteur dudit projet, avait décroché l'accord de la wilaya de Guelma inhérent à la concession de ces 450 ha. Cet accord a été obtenu grâce à l'intervention personnelle de Ahmed Ouyahia qui, en date du 27 juillet de la même année, avait instruit son ministre de l'Agriculture d'ordonner à ses représentants locaux de « lever immédiatement leur objection à la distraction de la superficie de 450 hectares du domaine forestier ». Ce très attendu mais controversé projet constitue pour notre pays un enjeu de taille. En plus de son impact positif à l'échelle locale, le nouveau complexe, pour lequel des investissements de plus d'un milliard d'euros sont envisagés, permettra à l'Algérie d'avoir une place de choix sur le marché international des engrais phosphatés. Il était question qu'à partir de 2012, date initialement arrêtée pour son entrée en production (les travaux de réalisation devaient être lancés en 2009), notre pays s'était fixé comme objectif de placer plus de deux millions de tonnes d'engrais sur le marché extérieur. En effet, avec des perspectives de production estimées à près de 3 millions de tonnes, les objectifs de Ferphos Group peuvent largement être atteints, les marchés éventuellement preneurs étant déjà ciblés, notamment ceux des pays en voie de développement et asiatiques. Aujourd'hui que tout est remis en cause avec le remodelage peu encourageant du cadre institutionnel régissant désormais les investissements directs étrangers, le partenaire pakistanais pourrait se rabattre sur nos voisins de l'ouest et de l'est où, contrairement à notre pays, les luttes d'intérêt sont souvent reléguées au second plan. Car en réalité, regrettent nos sources, ce sont ces luttes d'intérêt qui sont derrière le blocage du projet du complexe de Bouchegouf.