Le réseau d'artisanes d'art algériennes Res'Art, initié par l'association nationale Femmes en communication en 2003, a présenté, au cours de cette journée intéressante, le résultat de sept années de travail. Res'Art compte aujourd'hui 12 artisanes. En 2010, Res'Art a suivi un programme intensif de formation, axé sur le design, la cohésion de groupe et le commerce équitable. Lors de cette journée, ont été programmés une table ronde, la projection d'un film documentaire sur l'histoire d'une robe en haute couture sur la maison Lesage de Paris, une exposition et un défilé de mode. La table ronde multiculturelle a été animée par des femmes algériennes et étrangères qui ont marqué le parcours de Res'Art. Caroline Winckel, consultante Unesco, spécialisée dans l'artisanat de l'art africain et dessinatrice pour la maison Lesage de Paris, a axé son intervention sur l'excellence du savoir-faire. Spécialisée dans la broderie depuis une vingtaine d'années, elle a voyagé en Afrique de l'Ouest à la découverte de jeunes talents. Selon elle, les relations Sud- Sud sont importantes. La maison Lesage, où elle travaille depuis une vingtaine d'années, a 80 ans d'archives et de patrimoine. La maison de luxe Chanel a acheté sept savoir-faire (brodeurs, chapeliers…). Lesage, qui compte 6 dessinateurs et 40 brodeurs, continue d'utiliser la technique du XVIIIe siècle. Une robe de haute couture nécessitant 600 heures de travail manuel fait l'objet très souvent d'un passage de 2 minutes de podium lors d'un défilé de mode. «Le patrimoine est un outil important pour la créativité. C'est un patrimoine vivant et fragile à la fois. L'artisan se doit d'être créateur. L'avenir c'est l'excellence», dit-elle. La styliste et designer Ouardia Sokri a développé la problématique de l'artisanat générateur d'emplois. Pour ce faire, elle s'est basée sur sa propre expérience, une expérience qui a commencé en 1995 avec son intégration avec Femmes en communication. Au départ, Ouardia travaillait seule en se confectionnant des vêtements avant de se lancer dans des commandes publiques. Par la suite, elle a fait des formations initiées par l'association Femmes en communication. Chemin faisant, elle a recruté des filles qui, avoue-t-elle, avaient des idées mais peu de liberté. «La formation reste un vecteur important pour toute artisane», conclut-elle. La présidente malienne, Aïssata Namoko, a présenté la coopérative d'artisanes baptisée Maison de l'espoir qu'elle a fondée en 2004. La coopérative en question compte 110 femmes voulant réussir dans leurs activités. Les produits sont fabriqués essentiellement avec du coton. Pour cette professionnelle, l'objectif d'une telle association est entre autres l'insertion socioprofessionnelle des femmes artisanes, la lutte contre la pauvreté et la création d'un marché. En 2006, l'association 2006 a bénéficié de formateurs européens et américains sur le design. L'association a participé en 2007 à son premier Salon international de la décoration intérieure à Montréal. Depuis, la maison de l'espoir participe assez régulièrement à des manifestations d'envergure. Dans sa communication, Martine Stome, styliste burkinabé, est intervenue sur le thème «Les femmes tisserandes à Ougadougou» et leur interprétation du savoir-faire artisanal. Travaillant pour le septième art, Martine est convaincue que quand on a besoin d'un costume, il faut intégrer le savoir-faire artisanal. Depuis 1996 qu'elle exerce dans l'artisanat textile, elle est arrivée à découvrir qui détient ce savoir- faire, d'où la création d'une Association d'artisanes à Ougadougou en 2006. Toute artisane a besoin de formation. «Etant en contact avec ces tisserandes, j'ai pu connaître un peu mieux toutes ces femmes anonymes et comment le tissage est rentré au Burkina Faso. Aujourd'hui, nous retrouvons une modernisation au niveau du tissage», explique-t-elle. Il est à noter que cette journée s'est poursuivie avec la projection d'un film documentaire de 60 minutes intitulé L'histoire d'une robe de haute couture, une exposition et un défilé de mode des dernières créations de Res'Art.