Le réseau d'artisanes d'art algériennes, Res'Art, a été à l'honneur cette semaine. L'Institut Cervantès d'Alger a convié le public, mardi dernier, à une journée consacrée à l'artisanat algérien et ce, en collaboration avec le bureau technique de coopération de l'ambassade d'Espagne à Alger. Au programme, une conférence animée par des personnages-clés du milieu de l'artisanat, avec notamment le Réseau d'artisanes d'art algériennes, Res'Art, de la mode (en Algérie ou à l'étranger), mais aussi de quelques membres de l'association Femmes en communication. La journée s'est poursuivie avec une projection de film, L'Histoire d'une robe en haute couture de 60 minutes, et clôturée par un remarquable défilé de mode, Défil'Art, une représentation de toutes dernières créations du réseau algérien Res'Art. Parallèlement, des créations de vêtements 100% Res'Art et des bijoux de la jeune et talentueuse créatrice Fafa Biram, avaient été exposés. Le but de cette journée était de démontrer l'importance du développement de la mode en harmonie avec le patrimoine et les traditions. C'est dans cette optique que le Réseau d'artisanes Res'Art, sept ans d'existence, oeuvre à mettre en place des mécanismes de base afin de concilier le développement de la commercialisation de l'artisanat algérien avec l'insertion socioprofessionnelle des femmes, mais aussi revaloriser et moderniser l'artisanat féminin algérien tout en réduisant le taux de chômage. Madeleine Lavastre-Vernet experte en économie sociale et membre actif de Res'Art, oeuvre depuis quelques années aux cotés de ce réseau pour promouvoir l'artisanat algérien, mais aussi tenter d'éradiquer l'exploitation des artisanes par de véreux commerçants, revendeurs en Algérie. «Notre objectif est de créer des emplois, former les artisanes, et leur prêter main forte pour faire face aux difficultés, tout en les assistant dans leur épanouissement dans le marché algerien. Il faut travailler dans un esprit de complémentarité et de confiance mutuelle». Sara Diaz, styliste et grande designer espagnole, a aussi raconté, lors de cette table ronde, son expérience «inoubliable» avec les artisanes de Res'Art. «C'est fabuleux de travailler avec des Algériennes porteuses de traditions ancestrales. Il est d'autant plus extraordinaire de partager leur savoir-faire, réaliser des habits qui racontent toute une histoire», dit-elle. Sara Diaz ajoute: «Depuis cette première expérience en Algérie, il ne m'est plus possible de me défaire de la touche algérienne dans mon travail de styliste. Je suis tombée amoureuse de ce pays, et resterai pendant longtemps subjuguée par son artisanat et son patrimoine. La modernité est la plus belle chose qui puisse s'allier aux traditions, mais prendre une fouta kabyle et en faire une jupe mini, là je m'oppose!». Caroline Winckel, consultante à l'Unesco et dessinatrice d'art dans la haute couture française, intervient aussi pour parler de l'importance du travail fait main dans les sociétés africaines. «Il est impératif de valoriser l'artisanat africain et de le porter au pinacle du succès», dit-elle. Un avis que partage également Aïssata Diaba Namoko, présidente d'une coopérative malienne d'artisanat, et Martine Some, styliste burkinabée. Pour ces femmes, l'art est avant tout une passion, un effort, puis une satisfaction personnelle. Un objet crucial pour booster l'économie locale, affirmer son identité et revendiquer son patrimoine. Fafa Biram, jeune créatrice de bijoux raffinés, passionnée et membre de Res'Art, a exprimé son optimiste quant au développement du métier d'artisane en Algérie. «Certes, ce sont toujours les mêmes personnes qui remportent les concours d'artisanat chez nous, mais je suis très optimiste et je crois très fort au changement, un lendemain meilleur. J'organise fréquemment des expositions çà et là. J'espère monter bientôt ma propre entreprise et vivre pleinement de ma passion», déclare Fafa, un jeune espoir algérien qui promet.