Les températures sont enfin remontées et le soleil, roi d'Algérie et de ses dépendances, est revenu trôner sur les têtes des innocents. Si certains villages de montagnes sont encore isolés, la grande alerte est passée. Pourtant, il a suffi d'un froid exceptionnel pour réaliser encore une fois que les pouvoirs publics ne sont préparés à rien, à part à une rupture d'approvisionnement en huile ou à une pénurie de viande hachée. Pour peu que ce froid revienne et les mêmes scènes de désolation vont réapparaître, avec les mêmes émeutes. D'ailleurs, celles qui ont éclaté à cause du manque de gaz butane ont soulevé beaucoup de questions sur le prix de la bouteille et les réseaux de distribution. Ce que pourtant personne n'a soulevé est que le prix de la bonbonne devrait être secondaire puisque, normalement (presque), toute l'Algérie devrait avoir accès au gaz de ville dans les tuyaux domestiques. Pendant que les décideurs construisent d'énormes gazoducs pour alimenter les Européens, ils n'offrent finalement à leurs citoyens qu'une bouteille de butane, quand il y en a. Si les villes et villages sont électrifiés à près de 95%, combien d'entre eux ont-ils accès au gaz de ville ? L'Algérie, un des premiers exportateurs de gaz au monde, semble avoir décidé de laisser les citoyens avec des bonbonnes, un peu comme les postes et télécom ont abandonné l'idée de mettre une ligne de téléphone fixe à la disposition de chacun en laissant les opérateurs de mobile connecter le pays profond. Ces raccourcis sur la modernité et l'équipement général amènent une réflexion : au moment où la sonde spatiale Huygens découvre qu'il pleut du méthane sur Titan, à plus d'un milliard de kilomètres de Djelfa, pourquoi ne pas y envoyer Chakib Khelil connecter un gazoduc afin d'alimenter la Terre ? On saura alors, d'après les connections opérées, si pour lui nous faisons partie de la Terre.