De nos jours, de nombreuses familles de rang social modeste, riche, ou pauvre soient-elles, font peu cas des dépenses faramineuses générées par la location d'une salle des fêtes. L'effet recherché pour la célébration d'un mariage, de fiançailles et d'une circoncision est, à l'évidence, de faire bombance et étaler le faste pour en mettre plein les yeux des voisins et des convives. Les traditions anciennes ne sont plus de mise, et l'on voit de moins en moins de familles organiser des dîners et des réjouissances à l'intérieur ou devant le domicile conjugal. Un repère de plus dans l'échelle de nos valeurs sociétales qui s'effondre. L'intimité des hôtes, la chaleur de l'hospitalité, la convivialité et les retrouvailles entre membres de la famille sont remisées au placard. On privilégie de plus en plus les usages protocolaires, l'opulence et l'ostentation, quitte à « s'endetter jusqu'au cou ». Il faut que le mariage du rejeton ou de la bien-aimée fille convolant en justes noces soit un modèle de magnificence et d'apparat afin d'éviter les ragots et les médisances du voisinage. Des dizaines de salles de fêtes activent depuis quelques années, principalement à Mila et Chelghoum Laïd. La location d'une salle pour les besoins de restauration des invités (déjeuner ou dîner) peut aller de 35 000 à 70 000 DA, selon que l'établissement est climatisé ou non, de grand standing, ou encore mettant à la disposition des invités le personnel cuisinier de la boîte (pour la prise en charge des hommes et femmes s'entend) et tout le strict nécessaire du service : ustensiles, tables, chaises, couverts, etc. Dans la plupart des cas, l'on vous exige le versement d'un cautionnement qui oscille généralement entre 5 000 et 10 000 DA pour l'amortissement de la casse (dégâts matériels provoqués par des bris). Font également parties des lourdes dépenses qui, au final, risquent, à n'en pas douter, de mettre sur le carreau les parents du marié ou de la mariée, les indemnités versées à la troupe folklorique ou au disc jockey au titre de l'ambiance et l'animation. Il va de soi que les réservations se font plusieurs semaines à l'avance, tant il est d'usage la célébration des mariages tous les jours de la semaine, excepté les vendredis. Et lorsqu'on sait qu'une salle peut être mise en location au profit de deux clients différents durant une même journée, les dividendes peuvent s'avérer assez rondelets. Un gérant a consenti à donner son point de vue sur la question, en ces termes : « Le créneau est loin de constituer un filon d'or comme on tente de le faire accroire, pour la simple raison que nos activités commerciales se limitent à la seule période estivale, le restant de l'année nous sommes pratiquement fermés. »