De notre correspondante de New Delhi Les Indiens savent très peu de l'Algérie et si les vieux la connaissent à travers son rôle dans le mouvement des Non-Alignés, pour les jeunes, elle n'évoque souvent que la période noire du terrorisme. Mais ce soir, dans la salle de l'auditorium Azad Bhavan (du nom du premier ministre de l'Education de l'Inde indépendante Abdul Kalam Azad, Bhavan signifiant maison en hindou), l'Algérie est présente et scintillante de toutes ses couleurs. Organisé par le Conseil indien pour les relations culturelles et l'ambassade d'Algérie en Inde, dans le cadre du programme culturel hivernal du centre, «Le ballet des danses et musiques populaires algériennes» s'est tenu à Delhi fin décembre dernier, dernière étape du programme du Ballet de l'Office national de la culture et de l'information. La secrétaire général de l'ONCI, Houria Bournane, est fière de ses jeunes protégés (tous ont entre 20 et 28 ans) qu'elle a accompagnés à travers l'Inde ; une tournée qui a permis aux artistes de donner des spectacles dans les villes de Lucknow, Allahabad et Varanasi. Le programme de la troupe s'insère dans le cadre de l'ensemble des arts populaires mis au point par le chorégraphe Abdelkader Khimda et sa défunte épouse Sahra. Accompagnées du son du bendir, de la flute gasba, de la derbouka, les danses virevoltantes, gracieuses et aériennes, chaoui, zendali, allaoui, kabyle, algéroise… ont transporté les spectateurs dans le tourbillon des couleurs chaudes du velours brodé d'or des karakou algérois, de la soie pure des seroual chelka ou le satin des robes kabyles… Un riche répertoire égrené en quelques minutes. Seul bémol, la scène de l'auditorium de Delhi, trop exiguë, a contraint le chorégraphe à modifier son programme en éliminant certaines danses et en adaptant les autres. Pourtant, la capitale indienne possède de prestigieuses salles de spectacles dont l'infrastructure aurait permis aux corps des artistes de l'ONCI d'évoluer avec plus d'aisance. «Ce sont nos amis indiens qui nous ont proposé cet espace, suffisant certes, pour le solo d'un joueur de cithare, mais pas pour un ballet de 24 danseurs !», lâche ironique un membre de la délégation. Mais les prouesses du corps du ballet ont charmé le public et les nombreux diplomates étrangers qui ont bravé l'infernal embouteillage de Delhi pour assister au spectacle des danseurs algériens, longuement applaudis. L'ambassadeur d'Algérie à Delhi, Mohamed Hacène Echarif, dans son allocution, a mis en exergue l'importance des relations culturelles entre les deux pays et «le désir des deux capitales d'en faire un élément fondamental de leur relations bilatérales». Et ce ne sont pas les jeunes artistes de l'ONCI, tombés sous le charme de l'Inde, qui diront le contraire, à l'image de Zehar Lounis, 28 ans, séduit par «la culture de l'Inde, fascinante et intense».