Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a élaboré un rapport portant sur la forte dégradation du pouvoir d'achat des enseignants. Il a par la même rédigé des propositions sur les meilleures méthodes de protection de ce pouvoir d'achat et le relèvement du niveau matériel et social des enseignants qui, ainsi sécurisés, pourront mieux se consacrer à leur mission de formation. Décortiquant cette problématique, le Cnapest dresse de prime abord un état des lieux, notamment en ce qui concerne les raisons d'une telle dégradation. De son avis, les différentes politiques économiques menées jusqu'à ce jour sont à l'origine de ce marasme puisqu'elles ont favorisé la déstabilisation et le désordre dans la politique des salaires. Une réalité concrète et visible à travers plusieurs facteurs, entres autres la dévalorisation dramatique du dinar qui persiste dans sa chute depuis 1991 pendant que les salaires sont restés pratiquement inchangés. A cela il y a lieu d'ajouter le manque d'encadrement et l'absence totale de programmes cohérents et rigoureux pour éviter la dégradation continue qui touche les secteurs névralgiques, notamment ceux de la santé et de l'enseignement, l'emploi, l'habitat, le transport et l'environnement. Cette négligence a engendré l'isolement des couches moyennes, à l'image des enseignants qui sont pourtant créateurs de richesse et l'avenir du pays. Dans le même temps, explique le Cnapest, ceci a induit l'institution d'une économie parallèle parasitaire ayant généré un déséquilibre économique et social, ajouté à l'absence de mécanismes permettant de contrôler le pouvoir d'achat du citoyen et la détermination des causes de ces fluctuations. En somme, le syndicat pense que le véritable blocage réside dans l'absence de volonté réelle des pouvoirs publics de prendre en charge ce dossier, d'engager des négociations sérieuses avec les partenaires sociaux réellement représentatifs des fonctionnaires et aussi d'ouvrir un large débat permettant le renforcement de la cohésion nationale et préservant, en outre, les équilibres en matière de relations professionnelles. Seulement, pour rehausser le pouvoir d'achat des enseignants, les pouvoirs publics doivent rapidement, selon le Cnapest, faire appel aux spécialistes et aux syndicats pour la mise en œuvre d'une stratégie de travail à court et moyen termes permettant d'instituer des mécanismes économiques ouvrant la voie à une révision de la notion de poste de travail. En tant que syndicat revendicatif, le Cnapest avance des propositions pratiques qui permettraient des augmentations de salaire substantielles dans l'immédiat. Le syndicat demande au ministre de tutelle l'application du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 et l'institution d'une prime forfaitaire particulière au secteur de l'éducation en général et des professeurs de l'enseignement secondaire et technique en particulier, en compensation de la pression familiale, sociale et éducative que subit l'enseignant. Le Cnapest demande aussi l'institution de plusieurs indemnités telles que la prime de rendement individuelle mensuelle représentant 60% du salaire brut (principal), une prime de qualification mensuelle représentant 25% du salaire de base (SB), une autre de documentation mensuelle représentant 30% du SB. Celle de la tenue vestimentaire mensuelle représentant 15% du SB, une prime de recherche scientifique et pédagogique, et ce, conformément aux lois, et la dernière d'orientation et de suivi constant et de la surcharge des programmes mensuels et représentant 10% du SB. Concernant les œuvres sociales, le syndicat souhaite l'intervention des pouvoirs publics pour mettre fin à la lapidation des fonds. Les œuvres sociales dans le secteur de l'éducation représentent une contribution annuelle calculée sur la base de 3% de la masse salariale brute. En ce moment, elles sont gérées de manière opaque et irrationnelle. Par ailleurs, dans son rapport, le Cnapest insiste sur le relèvement des salaires à un niveau minimum de 101 812 DA, la révision de la grille des salaires par la revalorisation du point indiciaire (en mettant des mécanismes permettant l'adaptation de la valeur du point indiciaire avec la variation du pouvoir d'achat), l'annulation de l'article 87 bis de la loi du travail, la retraite à 25 ans effectifs, l'application des textes de loi de la médecine du travail, la révision des méthodes de gestion des œuvres sociales et l'annulation de la décision ministérielle 158/94 ainsi que l'institution d'un observatoire national du pouvoir d'achat composé de représentants des syndicats nationaux, des secteurs concernés et des différents opérateurs économiques.