Fragilisés par le poids des difficultés, certains d'entre eux n'écartent pas l'idée de prendre le chemin de l'exode dans l'espoir de s'épanouir ailleurs et répondre aux besoins de leurs familles. Aujourd'hui, les citoyens ayant préféré rester sur leurs terres, s'estiment oubliés par l'Etat, qui n'a pas fait grand-chose pour sortir leurs localités du cycle des problèmes dans lesquelles elles se débattent depuis plusieurs décennies. «On nous a de tout temps parlé des aides et des programmes destinés pour le développement des zones rurales, mais on n'a rien vu venir», se plaigne Saïd, un villageois d'Afir. Les habitants de cette localité rurale se plaignent surtout des retards mis pour la réalisation des projets et des aides prévues dans le cadre du plan de proximité du développement rural intégré (PPDRI). «Seule une quinzaine de ménages a bénéficié de ruchers, de vaches et de brebis, et ce, après plus de deux ans d'attente. Les autres projets à caractère collectif prévus à Abada et Tissira comme l'ouverture de pistes et les gabions, inclus dans le cadre du PPDRI 2009, ne sont pas encore réalisés. De même pour ceux qui sont inscrits en 2010 à Bhalil, Mechachka et à Afir-est dont les travaux ne sont, à ce jour, même pas entamés», déplore un autre villageois. Les services chargés de la mise en place de cet important programme mettent énormément de temps pour la validation des programmes inscrits et le lancement des opérations. Les responsables de la conservation des forêts précisent avoir lancé pas moins 37 programmes sur les 43 confirmés par les commissions d'étude et de suivi en 2009. Ces programmes ont été menés au niveau de 18 communes de la wilaya et ont touché une population de 18 habitants. Ils ont permis de former 119 porteurs de projets dans l'élevage apicole, 70 dans l'élevage ovin et 50 dans celui de bovins. Ces efforts se sont matérialisés également par l'aménagement de sources naturelles, le reboisement et l'ouverture de pistes qui permettront aux villageois d'accéder à leurs champs et de renouer avec le travail de la terre sans trop de difficultés. D'un autre côté, il existe de nombreux autres habitants, notamment ceux de Timezrit et des villages du versant sud des monts de Sidi Ali Bounab, qui s'impatientent dans l'attente de la concrétisation des promesses et des aides annoncées en grande pompe par les pouvoirs publics. Pour cause, la plupart des opérations programmées dans le cadre des PPDRI de l'an 2010, tardent à voir le jour alors que d'autres viennent tout juste à débuter. Elles toucheront une trentaine de communes de la wilaya. La Conservation des forêts prévoit, de son côté, d'effectuer des plantations d'arbres fruitiers sur une superficie de 480 hectares, l'aménagement de 50 km de pistes et l'ouverture de 25 km de nouveaux tronçons au niveau des localités de Keddara, de Béni Amrane, de Timezrit et d'Ouled Aissi. Les mêmes services devraient également aménager cinq sources naturelles d'eau, situées dans les localités de Larbatache, Bordj-Menaïel, Issers et Sidi Daoud. Les travaux ont été confiés récemment à l'Entreprise nationale du génie rural Zaccar de Bouira, créée en 2010, avec comme objectif de remédier aux problèmes de manque de soumissionnaires. Cependant, les habitants que nous avons abordés se sont tous montrés sceptiques quant aux résultats et à l'impact de ces programmes sur leur vécu, caractérisé par le chômage et le manque d'infrastructures de base. «Nous n'avons ni salle de soin, ni école primaire, ni eau potable… Nos responsables sont incapables de ramener un médecin qui puisse dispenser les soins de base au niveau de la salle de santé, fermée depuis 20 ans. Malgré cela, ils trouvent le malin plaisir de parler du développement rural», tempête un habitant d'Iouaryachen, un village perché sur les hauteurs de Naciria. Abondant dans le même sens, un autre villageois de Timezrit fera cette remarque : «Cela fait plus d'une année qu'on a inscrit un PPDRI au profit de notre région. On a déjà formulé les dossiers pour bénéficier de ruchers et trié ceux qui vont recevoir les vaches et les brebis, mais on n'a eu, à ce jour, aucune suite.» Interrogé, un responsable local justifie ces lenteurs par «la complexité du programme et les multiples difficultés auxquelles font face les services des forêts pour élaborer les études et assurer le suivi des opérations inscrites, vu leur manque d'expérience dans le domaine». À toutes ces contraintes s'ajoutent la diversification des sources de financement et les lourdeurs administratives, dues à l'examen excessif des dossiers par une foultitude de commissions. Les dossiers devaient passer par plusieurs services avant d'être validés par la commission de wilaya, présidée par le wali. En sus de cela, il faut noter que la réalisation des PPDRI exige une mobilisation sans faille de la part des responsables des directions de wilaya, des élus locaux et des habitants des localités concernées.