Le requin, qui fait pourtant très peur, est devenu une proie, soulignent les experts après que deux squales eurent été repérés jeudi sur une plage de la Méditerranée. Une alerte au requin a été lancée jeudi après-midi sur une plage de Canet-en-Roussillon, dans le sud-est de la France. Les baigneurs ont vu deux squales, le drapeau rouge a aussitôt été hissé et les vacanciers priés de sortir de l'eau. Pourtant, les attaques de requins restent un phénomène rare : entre 2001 et 2008, elles ont fait moins de 4 morts par an dans le monde, selon l'université de Floride. Cette année, en juin, une touriste française a été tuée par un requin en mer Rouge, au sud de la ville égyptienne de Marsa Alam. « Les requins n'aiment pas la chair humaine », assure pourtant Nicole Aussedat, coordinatrice de l'ONG Shark Alliance en France. Les attaques sont généralement dues à des « erreurs », les squales croyant s'attaquer à des tortues marines, confondant, vu du dessous, surfeurs et baigneurs avec leur proie préférée, explique-t-elle. La majorité des victimes sont des surfeurs (56,6%) devant les baigneurs (35,8%) et les plongeurs (7,6%), selon l'université de Floride. La peur du requin a été portée au paroxysme par le film culte de Steven Spielberg les Dents de la mer en 1975. « Il n'y a jamais eu d'accident notoire avec les requins en Méditerranée », a souligné à cette occasion le président de l'association Rimmo (Réserve internationale maritime de la Méditerranée occidentale). Dans son film les Seigneurs de la mer, sorti en 2008, le réalisateur canadien Rob Stewart prend la défense des requins en soulignant que « les éléphants et les crocodiles tuent chaque année plus de personnes dans le monde ». Même les victimes des requins plaident en leur faveur : plusieurs d'entre elles, ayant survécu à des attaques, ont témoigné en juillet devant le Congrès à Washington, pressant les sénateurs d'adopter une loi pour la protection des squales, à l'initiative du centre d'études Pew Environment Group. « Ce n'est plus du tout le requin qui menace l'homme, c'est l'homme qui menace le requin », est-il affirmé. Un tiers des requins océaniques – parmi lesquels le grand requin blanc et le requin marteau – sont menacés d'extinction en raison essentiellement de la surpêche, selon une étude publiée en juin par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les requins sont pêchés pour leur viande, mais ils sont également très prisés pour leurs ailerons, en particulier en Asie où ils sont servis en soupe. Les associations de protection des squales dénoncent en particulier la pratique du « finning », qui consiste à couper les nageoires des requins et à rejeter en mer le reste du corps, laissant l'animal encore vivant se vider de son sang et sombrer. Quelque 100 millions de requins sont pêchés chaque année, et de nombreuses espèces ont vu leur population décliner de plus de 80% au cours de la dernière décennie, selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Les requins sont situés tout en haut de la chaîne des espèces en mer. Leur disparition de l'écosystème aurait des conséquences difficiles à imaginer, plaident les ONG.