L'APC soumet désormais les cafés à une autorisation renouvelable pour une durée limitée. Les gérants de ces commerces ont ainsi jusqu'à la fin de ce mois d'août pour retirer tables et chaises qu'ils installent sur la place. Tel est le sursis accordé par l'APC de Béjaïa, jusqu'au 31 août 2009, aux gérants des cafés de la place du 1er novembre, ex-place Gueydon. En effet, les cafés Richelieu et l'Etoile risquent fort bien de baisser les rideaux et d'attendre la prochaine saison estivale pour remettre les tables et les chaises qu'ils installent le long de l'année au grand bonheur des visiteurs, des touristes et d'une fidèle clientèle locale. Sommés de mettre fin à leurs activités à la fin du mois en cours, les gérants de ces commerces sont dans un désarroi absolu et ne trouve aucune justification quant à la décision des autorités communales. « Notre activité est permanente et nous détenons une autorisation permanente ; aujourd'hui on nous demande de la renouveler et avec une date limite. A quoi rime tout cela ? », se demande un des patrons de ces cafés avant d'ajouter : « on n'est pas des saisonniers, on occupe ni les trottoirs ni la chaussée. On ne peut pas exiger de nous une autorisation à renouveler à chaque saison estivale, c'est vraiment absurde ! », s'insurge notre interlocuteur. Même s'ils ont obtempéré quant à la demande de renouvellement des autorisations, les dossiers de ces commerçants ont somnolé presque un mois avant d'obtenir ce document qu'exige l'APC. « Nous avons établi des demandes et fourni des dossiers depuis le mois de juin et ce n'est que le 17 juillet qu'on a eu nos autorisations. Entre temps, nous avons été harcelés par les services de police qui ont agi sur injonction de la commune », nous dira un autre cafetier. Sur le plan économique et social, cette décision n'est pas sans conséquences pour les familles qui vivent des revenus de ce lieu. Le personnel qui travaille jusqu'à des heures tardives ira grossir les rangs des chômeurs, déjà assez nombreux à Béjaïa. En effet, une trentaine de serveurs de cafés, de glaces et de pizzas travaillent dans ce lieu et vivent de ce qu'ils gagnent, non seulement les salaires mais surtout des pourboires. « Ce que je gagne en pourboires est très important et m'aide à arrondir souvent les fins de mois », nous dira Mourad, un des serveurs, désolé et inquiet par cette situation. Les habitués des lieux, pour leur part, accueillent défavorablement la démarche de l'APC. Chouki, un fonctionnaire, estime que « fermer ce lieu, s'est clochardiser encore une partie de Béjaïa. Ce seront les trabendistes et les vendeurs de brochettes qui viendront l'occuper comme ils le font au ramadhan, sans autorisation bien sûr ». Fatah, artiste musicien, lui s'attendait à beaucoup plus d'imagination constructive de la part des élus. « Moi je pensais qu'ils allaient mettre une véranda ou un toit en verre, comme cela se fait sur les grandes places du monde, et nous permettre d'utiliser cet espace pour animer des soirées en hiver », se désole-t-il.