« Fondations pour un avenir solide », un projet financé par l'Union européenne dans le cadre de son programme régional Euromed Heritage, vise à faire agir les jeunes au Liban et en Jordanie pour la promotion du patrimoine culturel. Des jeunes, garçons et filles, déambulant entre le trône d'Astarté et des pierres ornées de hiéroglyphes, un matin de mai, le sourire aux lèvres et l'œil clairement intéressé... Le 26 mai dernier, dans les salles du musée national de Beyrouth, le projet « Fondations pour un avenir solide », dont on fêtait le lancement officiel, avait déjà un petit air de succès. Ces jeunes Libanais en visite au musée sont les acteurs centraux du projet « Fondations pour un avenir solide ». Ce projet, qui s'étend également à la Jordanie, est financé par l'Union européenne dans le cadre du quatrième volet du programme régional Euromed Heritage. L'objectif global de cette quatrième édition étant d'amener la population à s'approprier son patrimoine culturel et d'améliorer la formation et l'accès à la connaissance dans le domaine du patrimoine culturel. Dans ce cadre, le projet « Fondations pour un avenir solide » vise à ce que les jeunes Libanais et Jordaniens agissent pour la promotion de leur patrimoine culturel. Ce projet est mis en œuvre par l'association Mercy Corps en partenariat avec l'Apsad et le musée de Beyrouth, pour le volet libanais, et avec l'association ZENID et le musée national de Jordanie, pour le volet jordanien. En ce qui concerne le volet libanais, Mercy Corps, aidé par des partenaires locaux, a sélectionné une soixantaine de jeunes, âgés de 13 à 18 ans, dans toutes les régions du pays. En Jordanie, 72 jeunes ont été sélectionnés. « Lors du processus de sélection, nous avons voulu qu'il y ait une grande diversité de backgrounds, car notre but est aussi de promouvoir les échanges culturels entre ces jeunes », explique Dahlia Khoury, responsable du projet pour Mercy Corps au Liban. Etablir un dialogue on-line entre les jeunes du Liban et de Jordanie est également prévu, indique l'antenne jordanienne de Mercy Corps. « Avec ce programme, les jeunes des différentes régions vont développer une meilleure compréhension de leur identité régionale à travers les similarités et les différences entres les patrimoines libanais et jordanien », indique Abeer Awad, de Mercy Corps Jordanie. Pour ce faire, les jeunes impliqués dans le programme vont suivre une formation sur le patrimoine culturel et sur l'utilisation de différents médias (caméras, appareils photo, internet, etc.), car c'est au travers de supports multimédias que la promotion du patrimoine va être réalisée. « Le côté multimédia est un moyen de stimuler l'intérêt des jeunes », explique Dahlia. Les jeunes Libanais sélectionnés vont préparer vingt projets. Les jeunes Jordaniens en feront autant. « Ces projets porteront sur le patrimoine culinaire ou musical d'une région. Ou encore sur une danse. Nous avons voulu éviter les grands monuments déjà connus », souligne Dahlia. Dans un premier temps, les jeunes présenteront leur projet dans leur région. La présentation se fera en public et ils devront expliquer l'histoire, la valeur et la richesse du patrimoine local. Ensuite, la totalité des projets sera présentée lors de grands festivals organisés au musée de Beyrouth et au musée de Jordanie qui est actuellement en construction. Préserver l'identité d'un peuple Pour Mercy Corps, il était important d'impliquer les jeunes dans la promotion du patrimoine « car le patrimoine culturel représente une partie de leur identité », souligne encore Dahlia. « Or, quand nous avons fait les premières évaluations à travers le Liban, nous avons réalisé que les jeunes ne savaient quasiment rien de leur patrimoine ou de sa valeur », ajoute-t-elle. « Ce projet va permettre aux jeunes de mieux comprendre leur patrimoine et le rôle des musées nationaux, en utilisant des méthodes nouvelles. Cela va aider à la création d'une nouvelle génération qui pourra avoir une participation active dans la société », souligne Dr Faris Nimri, directeur du musée de Jordanie. Dans le cadre du projet, le musée fournira des conseils et des informations pour aider les jeunes Jordaniens à définir les projets sur lesquels ils vont travailler. Le musée vérifiera également l'exactitude historique du contenu culturel et éducationnel du projet. Grâce à ce projet, M. Nimr espère également que le musée de Jordanie devienne un centre à partir duquel seront disséminés l'éducation et le savoir. « La sauvegarde du patrimoine culturel est une condition vitale pour la préservation de l'identité d'un peuple et l'affirmation de sa personnalité. C'est aussi une source intarissable d'inspiration pour sa capacité créatrice nationale. En cela, l'héritage culturel est un bien à part et il est de la responsabilité de chacun d'entre nous de le protéger des logiques commerciales qui le menacent », a expliqué, lors du lancement du projet, à Beyrouth, Patrick Laurent, chef de la délégation de la Commission européenne au Liban. « Dans cet effort permanent, nous pensons que les jeunes ont un rôle prépondérant à jouer. Nous devons les inciter à regarder autour d'eux et les aider à se montrer attentifs et curieux de leur patrimoine. C'est un moyen privilégié pour ‘‘accepter l'autre'' », a-t-il ajouté en s'adressant aux jeunes présents au musée le 26 mai dernier. Enthousiasme des jeunes Des jeunes qui affichaient un franc enthousiasme. « Quand le programme a commencé, on ne savait quasiment rien du patrimoine culturel de Baalbeck. Et maintenant, nous avons envie de le découvrir », explique Diana, une jeune fille de 17 ans, résidant dans la capitale de la vallée de la Békaa. Dans son projet, elle présentera la dabké, une danse traditionnelle. « Notre patrimoine est très important, car il est très riche et très diversifié. Plusieurs civilisations ont marqué l'histoire du Liban », ajoute Waël, un jeune homme de 17 ans habitant à Tripoli, au nord du Liban. « Je connais un peu le patrimoine de Tripoli, mais il faut que je le connaisse mieux », ajoute-t-il. Pour présenter le patrimoine de sa région, Waël et les autres membres de son groupe vont utiliser la vidéo, la musique et préparer un texte. « Prendre part à ce projet, c'est rendre service à mon pays », assure-t-il. Le projet « Fondations pour un avenir solide » doit se dérouler sur deux ans. Alors que la première année se concentre sur les jeunes, la seconde visera à former les professeurs. Un curriculum doit ainsi être développé afin de sensibiliser les élèves, à l'échelle nationale, à l'importance du patrimoine. Emilie Sueur Par : in L'Orient-Le Jour